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Critique de Folfaerie


Courage, fuyons !
Telle est la devise du lieutenant Harry Flashman, honte de l'armée anglaise ! Jamais sujet de sa Majesté n'a été aussi antipathique que cet officier, fils indigne flanqué d'un père pas très recommandable, décidé à faire carrière dans l'armée, et qui après quelques péripéties se retrouve en première ligne aux Indes puis en Afghanistan, en 1842.

Rien n'est susceptible de le racheter, excepté son humour peut-être et le fait qu'il a conscience de sa propre médiocrité.
Lâche, égoïste, arriviste, profiteur, et pire que tout, cruel et insensible. La preuve ? cet infatigable coureur de jupons, ce Don Juan de pacotille, n'aime pas qu'on lui résiste. Qu'une femme se refuse à lui ou le dédaigne, et vlan, elle se prend une belle correction !! Il avoue par ailleurs avoir violé une femme afghane, fait exceptionnel qui ne s'est jamais répété, mais bon, on ne peut pas dire que sa consience le torture sur ce chapitre. Il est pourtant marié, à une ravissante idiote et fougueuse, qu'il laisse derrière lui en Angleterre tandis que lui, lutine la gueuse entre deux batailles. Batailles où la plupart du temps il ne s'illustre guère que par sa couardise et par une chance phénoménale qui lui permet en règle générale d'avoir la vie sauve.

Alors me direz-vous, d'où vient la popularité de ce hussard si répugnant, célébré outre-Manche et outre-Atlantique ? C'est que sous l'humour cynique perce une satire décapante de l'Empire Britannique, où les généraux sont impitoyablement brocardés, de même que les campagnes militaires, les désastres, et les victoires sont scrutées à la loupe, et ne font pas honneur aux autorités anglaises. Car à écouter Flashman, il y a largement pire que lui ! la plupart des gradés sont responsables des situations dramatiques qui émaillent les campagnes militaires. Ce n'est quand même pas la faute de Harry si l'armée est commandée par des crétins ou des vieillards séniles !! Pourquoi donc aller risquer sa peau pour une poignée d'incapables ?

C'est toute la philosophie de Flashman, bien décidé à tirer
parti de chaque situation, dans l'espoir de faire fortune rapidement et de revenir en conquérant en Angleterre. le regard qu'il porte sur la société anglaise est tout aussi dévastateur et pour s'en rendre compte, il suffit de lire le passage où il fait connaissance avec sa belle-famille. Edifiant ! A l'en croire, il ne faisait pas bon vivre dans cette Angleterre de la moitié du XIXe siècle.

Il m'a fallu dépasser le premier tiers du livre pour pouvoir apprécier pleinement les aventures de ce anti-héros abominable à l'humour ravageur. L'exactitude des faits historiques, la méchanceté jubilatoire de l'auteur et la qualité de la prose forment un cocktail détonnant, qui met à mal la toute-puissance de l'Empire Britannique... Est-ce parce que l'auteur est écossais que la perfidie de son héros n'en est que plus savoureuse ?
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