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Critique de Arakasi


1839, Angleterre. le jeune Harry Flashman vient d'être jeté hors de la prestigieuse « Rugby School » pour ivrognerie. Quelle carrière choisir pour un jeune homme désargenté, globalement incompétent et dépourvu de tout intérêt pour quoique ce soit à part l'alcool et courir la gueuse ? Eh bien, la carrière militaire, pardi ! Ni une, ni deux, voici Flashman engagé dans un régiment d'hussards où il compte bien se la couler douce entre deux beuveries. Mais les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu : pour avoir culbuté une jolie fille d'industriel écossais dans un buisson, Flashman se trouve acculé à un mariage involontaire et muté aux Indes. Certes, les choses pourraient être pires et passer quelques années à trousser des jolies indiennes n'est pas le pire sort qui soit… Manque de pot, des troubles éclatent en Afghanistan et qui envoyer sur place, si ce n'est le si prometteur et si avide d'en découdre lieutenant Flashman, nouvellement promu aide de camps du général Elphy Bey ? La carrière de Flashman ne se présente pas sous les meilleurs hospices, mais à Dieu ne plaise : Harry Flashman saura faire face aux dangers les plus inattendus – et, si besoin est, leur tourner le dos et piquer des deux fers en laissant ses braves camarades se débrouiller tout seuls !

Personnage phare de la littérature anglaise et narrateur de la longue série des « Archives Flashman » (le premier tome couvrant les années 1839 à 1842), Harry Flashman n'a, hélas, que trop tardivement traversé la Manche – et pour la retraverser aussitôt en sens inverse, puisqu'au bout de seulement deux tomes, la maison d'édition l'Archipel a jeté l'éponge. Sachant que la série britannique en comprenait une douzaine (et que les résumés trouvés sur le net des tomes suivants avaient de quoi donner l'eau à la bouche à tout amateur d'Histoire qui se respecte), il y a de quoi s'arracher les cheveux ! Les romans ont pourtant tout pour plaire, alliant récits historiques parfaitement renseignés et satires acérées de l'Angleterre du XIXe siècle. Il faut dire que la perfide Albion n'y apparait pas sous son meilleur jour… Non seulement Flashman n'a guère le coeur d'un patriote, mais il jouit également d'une malchance assez phénoménale : pas une défaite humiliante et stupide de l'Angleterre de 1839 à 1915 à laquelle il n'ait pas assisté, voire activement participé ! Et c'est, bien entendu, avec un plaisir immense que le lecteur se plonge dans cet hilarant étalage de désastres.

Car il faut reconnaître quelque chose à Harry Flashman : certes le bonhomme est littéralement perclus de vices – sournois, joueur, séducteur, couard, vantard, menteur, officier médiocre, flatteur assidu des plus puissants et plus crétins que lui… – il n'en possède pas moins un sens de l'humour tout à fait épatant, doublé d'une indéniable lucidité. Conscient de ses propres défauts, Flashman les assume joyeusement et mitraille avec encore plus d'allégresse ceux des autres : sa plume constamment moqueuse et son second degré permanent font en très grande partie le charme du roman. A sa décharge : comment ne pas se payer la tête d'une telle brochette d'ahuris en uniforme ! Tout à fait séduite par ce premier tome, je me suis donc empressée de commander le deuxième volume en ricanant déjà d'anticipation (on y voit Bismarck, juste l'un des enfoirés les plus géniaux du XIXe siècle !). Et une fois ce deuxième tome terminé, je suppose qu'il ne me restera plus qu'à couvrir ma tête de cendres et à prier dans l'espoir illusoire qu'une nouvelle maison d'édition française rééditera l'ensemble de la série – ou sinon, les lire en anglais ? Argh… Dilemme, dilemme…
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