AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de tynn


tynn
23 février 2018
Elle adorait sa poupée.
Il a pourtant fallu la donner aux enfants pauvres de son quartier, contrainte à la notion de partage par des parents communistes et par les préparatifs d'un exil inévitable.

La petite fille naît persane, dans une famille opposante au régime politique des imams après la révolution iranienne. Les premières années sont faites de peur, de clandestinité, de disparitions et emprisonnements dans l'entourage familial ou amical.
Le départ vers la France va s'imposer comme seule survie possible.
Un contexte qui n'est pas sans parallèle avec le très réussi Désorientale de Negar Djavadi.

Maryam Madjidi puise sans doute dans ses souvenirs personnels (sa famille ayant quitté l'Iran en 1986, elle avait six ans) pour mettre en mots les événements vécus à hauteur de fillette.

Le récit très visuel et factuel se décompose en trois séquences, avant et après l'émigration forcée. Dans la première partie, la société iranienne est très présente, son identité, ses mouvances politiques, les espoirs déçus de la révolution de 1979. Puis la période parisienne suit l'adaptation difficile d'une enfant et les étapes une à une réussies pour naître une seconde fois à une autre culture. Il faudra donc attendre l'adulte accomplie et apaisée pour accepter l'appartenance de faits et de coeur à deux pays.

Plus largement l'auteur nous interroge sur les richesses et les écueils d'une double culture, sur les méthodes pour accueillir les populations étrangères, les assimiler en les respectant dans leur identité propre. J'ai particulièrement aimé le contexte linguistique, entre oubli et apprentissage de deux langues, en conflit dans les ressentis de l'enfant.

Un livre très attachant, une écriture ciselée, aisée, fluide. Un savant mélange d'anecdotes, de poésie, de contes, d'humour et de nostalgie dans ce premier roman autobiographique très réussi, où transparaît l'attachement indéfectible aux racines familiales.
Commenter  J’apprécie          240



Ont apprécié cette critique (20)voir plus




{* *}