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Critique de Montecristof


Avec ce cinquième one-shot, pour moi les frères Maffre font un vrai pas en avant.

Stern, notre anti-héros, notre croque-mort solitaire, taciturne, cérébré et loyal se trouve pris dans le cambriolage de la banque où il venait faire un dépôt, à la Nouvelle-Orléans.
Des immigrés italiens considérés comme suspects ayant été arrêtés, il est sollicité pour une identification. Il est sûr que ce n'est pas eux et refuse de les reconnaître. Il est donc accusé avec eux car considéré comme complice, et emprisonné. Enchaîné à un des jeunes "voyous" il est obligé de suivre quand celui-ci profite instinctivement d'une occasion pour tenter la belle.
L'album nous raconte une cavale mouvementée dans une région raciste, la naissance d'un respect mutuel au fil des péripéties, et un dénouement que je vous laisse le soin d'encaisser par vous-même.
Allez, accrochez-vous aux branches, et jusqu'au bout (du rouleau). Ça vaut le coup...

Stern prend une présence de plus en plus solide je trouve, et j'essaie de comprendre pourquoi.
Est-ce parce que le graphisme s'affirme, que le dessin devient plus fluide, moins hésitant ?
C'est le cas pour Stern mais aussi pour les figures secondaires d'ailleurs : les visages sont mieux définis, les attitudes plus naturelles et justes, les cadrages plus souvent serrés, la mise en couleur plus variée et riche au fil des albums. Seuls les animaux (les chevaux et la mule de Stern bien sûr mais, ici aussi, des chiens) laissent encore à désirer mais oui, même pour les décors aussi bien en extérieurs qu'en intérieurs, je trouve Julien Maffre et l'équipe couleur en constante progression. La compréhension visuelle de l'imagerie et son impact sont de plus en plus immédiats, collant de mieux en mieux à un scénario nerveux, aux dialogues incisifs restitués dans une typographie aussi agréable que lisible, dans des bulles qui ne mangent pas le dessin. Ça donne des pages au bon équilibre.

Et à propos de dialogues, il faut mentionner que pendant la cavale, le jeune italien ne parle que sa langue natale. J'ai fait allemand/anglais au lycée, c'est ballot ! J'ai donc dû comme Stern deviner ce qu'il disait, ce qui ne m'a posé le plus souvent pas trop de problème, compte-tenu du contexte. Je suppose que l'absence de sous-titres est un parti-pris, dans la mesure où la teneur de la relation qui se noue entre Stern et son comparse tient plus au ressenti qu'à l'intellect. Quelques phylactères plus fournis auraient-ils mérité le renvoi à une traduction ? Outre le fait que ces traductions auraient sans doute nui à l'équilibre esthétique global des pages concernées, je ne suis même pas sûr que c'aurait été un vrai plus...

Ce cinquième tome est donc hautement recommandable.
Oui, au fil des albums Stern se densifie. On peut dire que si ce jeune homme austère un peu énigmatique et volontiers caustique ne prend pas une once de gras, il prend de l'épaisseur. Étonnant, non ?
Chapeau en tous cas, vraiment !


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