AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Bookycooky


Qu'est-ce-qu'elle écrit bien Mira Maguen, et quelle belle traduction, voilà mes pensées en entamant son deuxième livre. Comme dans “La soeur du menuisier”le premier lu d'elle, il est question ici de la fatalité. Nos vies ne tiennent qu'à un fil , une petite inattention, une malchance de parcours peuvent faire basculer le cours de nos vies d'un moment à l'autre, à jamais.
Anna est une ado de treize ans, elle a les jambes mal synchronisées suite à quelques minables bulles d'oxygène restées coincées en cours de route à sa naissance et n'ont pas atteint son cerveau . Un jour qu'elle se sent en forme elle pique un vélo, prend son petit frère de cinq ans derrière elle et fonce...... la suite est l'innommable, le petit est dans le coma, et à part Anna personne ne sait comment l'accident est survenu. Les parents, lui chauffeur de bus en hiver à Jérusalem, elle juste maman, font tourner en été un snack sur la plage de Tel-Aviv, afin de réaliser leur rêve: L'Amérique. L'accident va tout chambouler....
Dieu, personnage centrale du roman, l'injustice faite par Dieu, Dieu qui dépose une peau de banane afin qu'ils glissent dessus et qu'en une seconde tout foire.....imprécations constantes d'Anna et de sa mère Shely . Alors que le père et la fille cadette Naomie tracent leurs propres sentiers de réconfort entre les mines que le bon Dieu pose sur leurs chemins,(« Le monde a beau être un fils de pute, je n'ai pas l'intention de baisser les bras »). Chez Maguen, on ne peut changer le destin, c'est une réalité, mais chacun est libre de l'interpréter comme il veut . Le temps d'un été on va s'immiscer dans l'univers de cette famille terriblement attachante et émouvante, et nous laisser emporter par leur soif de vivre et leur volonté à s'en sortir coûte que coûte malgré l'handicap de leurs deux enfants et de leurs soucis matériels. D'excellents personnages secondaires dont le pudique et silencieux Adisso, le jeune éthiopien qui aide au snack. et la grosse Gloria l'allumeuse de service, viennent complèter le tableau.

Maguen comme la plupart des écrivains israéliens étant une pacifiste, elle y ajoute aussi sa touche politique. De la bouche du père , Mike, elle s'exprime contre l'occupation des territoires occupés par Israël, “Quel gâchis , toutes les sommes qu'on dépense ici ! En ce qui me concerne on devrait tout leur rendre et en finir.” Et sans entrer dans l'idéologie, décrit à travers les vies de Shély et de sa soeur Sarah, le contraste entre vie séculaire et celle orthodoxe en Israel. L'une aussi blanc ou presque, sans Dieu, l'autre noir avec Dieu, couleur que porte d'ailleurs les orthodoxes. Un pays où être juif ne suffit pas, il faut aussi la juste couleur de peau....Quand on pense à la Shoah, ça laisse dubitatif.

Un sujet sombre , une prose lumineuse, un livre sublime !

“Qui peut dire combien pèse un coeur pas plus gros qu'un poing mais qui contient tout ce que la vie t'a donné et tout ce que tu espères encore ?”
Commenter  J’apprécie          8524



Ont apprécié cette critique (81)voir plus




{* *}