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Critique de lanard


Homme glial versus Homme neuronal. Cet ouvrage dont le titre est un écho du best-seller de Jean-Pierre Changeux (sorti en 1983) est à la fois un ouvrage de vulgarisation et une introduction à de nouvelles découvertes dans le domaine des sciences du cerveau.
Ce livre voudrait attirer l'attention sur le rôle des cellules gliales dans l'apparition de la pensée et aussi dans certaines pathologies neurologiques et psychiatriques. Les cellules gliales sont les grandes oubliées des cellules composant un cerveau. Pourtant ces cellules ont été identifiées depuis longtemps par les premiers anatomistes du cerveau (Gogli et Cajal au début du 20è siècle). Par ailleurs le cerveau humain en contient en plus grand nombre que de neurones. Enfin, plus on avance dans l'évolution des espèces (depuis les vers jusqu'aux hominidés), leur nombre par rapport au nombre de neurones s’accroît jusqu'à dépasser le nombre de neurone dans le cas du cerveau humain.

Au siècle dernier, l'image du cerveau la plus commune avait évolué depuis celle d'une masse de matière grise vers celle d'une masse de neurones. Le neurone, cette cellule élémentaire du système nerveux était devenue la clé de compréhension du fonctionnement de cette dimension que les plus idéalistes considèrent comme la plus immatérielle de l'homme; l'esprit ou la conscience ou le psychisme ou la pensée etc. On retrouve ces neurones dans le cerveau des animaux organisés en systèmes plus rudimentaires que celui de l'homme. L'architecture du cerveau, si elle n'échappe pas à toute comparaison (par exemple, avec le cerveau des chimpanzés), reste cependant assez unique dans le monde animal.
Lorsqu'au vingtième siècle, les neurologues qui les étudient comprirent le rôle crucial du signal électrique véhiculé par ces neurones (l'influx nerveux), ceux-ci semblèrent devoir tout expliquer du phénomène de la pensée. C'est que parallèlement, la physique donnait naissance à la électronique puis à l'informatique. Il se développait une image du cerveau analogue à un circuit électronique traitant du signal avec des composants soudés sur les pistes cuivrée de circuits imprimés. Bref, on s'accorde désormais à voir le cerveau comme une sorte d'ordinateur; le neurone étant au cerveau de l'homme neuronal, ce que le transistor est au processeur de l'ordinateur.

Depuis une vingtaine d'années, quand les spécialistes des cellules gliales et les spécialistes des neurones ont commencer a travailler ensemble, cette image du circuit électronique conserve sa pertinence (toujours relative) mais elle doit désormais être corrigée. Pendant longtemps le rôle des cellules gliales avait été négligé dans la recherche de la compréhension des bases physiologiques de la pensée. Leur rôle était réduit à un rôle de "maintenance" et d'alimentation des neurones; on savait depuis longtemps que l'énorme consommation de sucre du cerveau (20% de la consommation du métabolisme) passait par les cellules gliales. En reprenant la métaphore électronique, les cellules gliales étaient considérées comme le circuit imprimé avec ses pistes cuivrées et les composant passifs qui régulent l'alimentation des composants actifs.

Il n'est pas question ici de se lancer dans une mauvaise description de ce que sont ces cellules encore méconnues. C'est l'objet de ce livre, court, d'une grande clarté pédagogique, élégamment illustré de schémas simples et efficaces. Un livre qui est le fruit de cette collaboration entre deux mondes de spécialistes qui s'ignoraient encore il y a une dizaine d'années; Yves Agid est neurologue et Pierre Magistretti est un pionner des études sur les cellules gliales.

Quant à la question de savoir si l'homme est glial ou neuronal, c'est évidemment un faux débat; il est plus commode de penser qu'il est neuro-glial ou glio-neuronal.
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