AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Colchik


Dès les premières lignes de ce livre, j'ai ressenti les mêmes impressions que dans le captivant film de Tarik Saleh, le Caire confidentiel. Les points de ressemblance ne manquent d'ailleurs pas entre les deux oeuvres : même atmosphère lourde, oppressante, chargée d'une violence explosive ; personnages d'origine soudanaise ; police corrompue et affairisme d'un régime moribond ; action qui se situe à la veille des événements de la place Tahrir.
Makana, ancien inspecteur de la police soudanaise, vit en Égypte depuis que la mort de sa femme et de sa fille l'a contraint à fuir son pays. Il vivote en exerçant le métier de détective privé et vient d'être recruté par une agence de voyages miteuse, l'Ibis Bleu, dont Faragalla, le propriétaire, a reçu une lettre de menace. Mais, le vrai destinataire de la sourate de l'Étoile était-il Faragalla et le message était-il une menace ou, au contraire, une mise en garde subtilement rédigée ? Lorsque Meera Hilal, la secrétaire de l'Ibis Bleu est assassinée sous ses yeux, Makana comprend qu'elle détenait les clés du mystère et avait tenté, à sa manière, de le mettre sur la bonne voie. Que faisait cette Chrétienne copte, ex-professeur d'anglais, mariée à l'un des théologiens les plus brillants de l'université – mais aussi l'un des plus controversés – dans un emploi aussi subalterne et déclassé ?
Makana se met alors à enquêter sur les activités de l'agence, mais aussi sur le milieu intellectuel auquel appartenait Meera et ses activités bénévoles auprès du père Macarius, un moine qui s'occupe d'enfants abandonnés dans le quartier déshérité d'Imbata.
L'intrigue est tortueuse à souhait et ravira les amateurs de rebondissements. Mais, je dois avouer qu'elle m'est apparue secondaire tant la peinture de la société égyptienne a aiguisé mon intérêt. Ce polar est crépusculaire à plus d'un titre. Il montre la déliquescence d'un régime en phase terminale où la gangrène de la corruption conduit à sa mort. Il dépeint l'instrumentalisation des tensions religieuses entre coptes et musulmans, source de bouffées de violence. Il révèle l'abandon dans lequel se trouve une population miséreuse, au bord de la survie. Enfin, il aborde le débat théologique qui traverse nombre de sociétés à majorité musulmane : le retour à une interprétation littérale des textes n'est-elle pas la seule voie pour lutter contre une modernité corruptrice des moeurs ?
le titre aguicheur choisi pour la traduction française renvoie au gore ; le titre original, Dogstar Rising, restitue la complexité du propos de l'auteur en renvoyant à l'apparition de l'étoile du Chien à l'horizon, symbole de renouveau dans l'Égypte ancienne. Un renouveau que résume Rania, une jeune journaliste dissidente, à la dernière ligne du livre : « Maintenant, dit-elle, il va y avoir du grabuge. » Hélas, espoir de courte durée.
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}