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Critique de Presence


Ce tome fait suite à Sinestro (épisodes 1 à 6). Il contient les épisodes 7 à 12, ainsi que l'épisode annuel 1, parus en 2012. Tous les scénarios sont de Geoff Johns, et la majeure partie des dessins de Doug Mahnke. Il vaut mieux avoir lu le premier tome avant de lire celui-ci.

Sur leur planète, les lanternes Indigo préparent une action de grande envergure. Ils ont incorporé parmi eux William Hand (le responsable de Blackest Night). Sur Terre, Hal Jordan était bien décidé à abandonner toute velléité de parcourir l'espace en tant que membre des forces de l'ordre que sont les Green Lantern. Mais Thaal Sinestro vient à nouveau le trouver (juste au moment où il s'apprêtait à faire un câlin avec Carol Ferris) pour exiger qu'il l'aide. Les Guardians of the Universe (en abrégé GotU) ont décidé de mettre un terme au Corps des Green Lantern pour les remplacer par une armée différente. Alors que Sinestro vient de trouver un argument qu'Hal Jordan ne peut réfuter, mais avant que Sinestro n'ait fini de le convaincre, des lanternes Indigo apparaissent et les transportent sur leur planète. Dans ce tome, Sinestro et Jordan devront se confronter à Black Hand, et les GotU décident de libérer la première lanterne (First Lantern).

Comme le précédent, ce tome continue de plonger dans la mythologie des Green Lantern que Geoff Johns a ravivée avec Renaissance en 2004/2005, et qu'il n'a pas lâchée depuis. le début peut laisser croire que la série ronronne déjà et que Johns va se reposer sur un mouvement de balancier Jordan sur Terre / Jordan dans l'espace. Mais le discours de Sinestro met en évidence que Jordan doit suivre sa vocation. Il ne s'agit pas simplement pour Johns de trouver une excuse plus ou moins plausible pour faire repartir Jordan dans l'espace. Il transforme cette scène en un moment où le personnage principal prend conscience d'une évidence, apprend à se connaître lui-même. Au cours des aventures, Sinestro connaitra une épiphanie similaire qui ajoutera un degré de complexité à sa personnalité. C'est l'une des grandes forces de Johns de réussir à ancrer son opéra de l'espace avec des personnages attachants et faillibles. Il arrive également à donner une personnalité touchante à Iroque (l'une des Indigo Lantern) et à Natromo (le gardien de la batterie Indigo).

Comme à son habitude, Geoff Johns montre que la mythologie des Green Lantern recèle encore bien des surprises et des possibilités d'expansion. Non content de rendre Sinestro crédible en Green Lantern (avec de nouvelles explications qui viennent convaincre le lecteur le plus rétif), il découvre tout un nouveau pan de cette mythologie. D'un coté, le lecteur familier de la série peut s'agacer de voir que les GotU se préparent de nouveau à commettre des actes moralement douteux au nom de la paix de l'univers ; de l'autre il ne peut que s'émerveiller de la facilité avec laquelle Johns élargit l'horizon de la série. Il expose l'origine de la tribu Indigo (une histoire captivante), il revient sur les particularités de Black Hand, il introduit la notion de Première Lanterne avec des circonstances époustouflantes, il montre le Livre du Noir, il évoque le passé d'Abin Sur, etc. Depuis 2004/2005, Green Lantern est la série de Geoff Johns qu'il nourrit de son inventivité. À aucun moment, il ne se contente de resservir ce que les autres ont fait avec lui, il a vraiment la volonté d'enrichir sans cesse la série avec de nouveaux concepts, de nouveaux personnages, de nouvelles situations. Avec le recul de 8 années, il est saisissant de constater à quel point Johns alimente la série en nouveauté, là où de nombreux scénaristes se contentent de piocher dans l'historique d'une série sans vouloir investir leur talent dans de nouvelles choses (une conséquence directe de leurs contrats qui font d'eux de la simple main d'oeuvre, pour alimenter l'industrie du comics et grossir les bénéfices d'une entreprise).

Depuis le début, la deuxième force de cette série réside dans l'excellent niveau des illustrateurs. Ici, Doug Mahnke dessine les épisodes 7 à 11, aidé par une armée d'encreurs (Keith Champagne, Christian Alamy, Mark Irwin, Tom Nguyen, et Mahnke lui-même pour quelques pages). L'épisode 12 est illustré par Renato Guedes et Jim Calafiore. L'épisode annuel est illustré par Ethan van Sciver pour l'histoire principale, et par Pete Wood encré par Cam Smith pour l'épilogue. le nombre d'encreurs pour Mahnke fait qu'il est parfois possible de déceler des noirs moins prononcés, ou des contours délimités d'une manière un peu différente le temps d'une page ou deux, sans que cela ne vienne nuire au plaisir de lecture. Mahnke est également pour beaucoup dans l'augmentation du niveau de crédibilité de Thaal Sinestro. Il lui donne un port altier, des manières hautaines, un regard froid. Sous ses coups de crayon, même sa petite moustache ridicule renforce l'aspect sinistre du personnage. Mahnke arrive même à rendre William Hand encore plus sinistre et inquiétant en dépeignant ses actions, dénuées de toute empathie. J'ai rarement vu des dessinateurs capables de rendre crédible un gugusse tout de noir vêtu avec des clous et du cuir, sans que cela n'en devienne ridicule. Or là William Hand s'adressant aux cadavres de sa famille ne prête pas à sourire. le lecteur ressent avec force les actions contre nature de cet individu, sa maladie mentale, sa façon dégénérée d'envisager ce qui l'entoure. La folie se lit dans son simple regard éteint. Dans ce tome, Mahnke a moins de nouveautés à créer visuellement et le lecteur attentif peut constater qu'il s'économise sur les décors. Il faut vraiment y prêter attention car Alex Sinclair et les autres metteurs en couleurs réalisent un énorme travail pour compléter les dessins. Ils travaillent sur la couleur principale établissant l'ambiance de chaque scène, ainsi que sur les variations de nuances pour donner l'illusion d'un arrière plan flou, mais présent. L'épisode dessiné par Guedes et Calafiore est de bonne facture visuelle, sans être aussi marquant que ceux de Mahnke.

Ce tome se termine donc par la confrontation entre Hal Jordan et William Hand, ainsi que par la quête des GotU pour mettre la main sur la Première Lanterne. Les illustrations d'Ethan van Sciver présentent les mêmes caractéristiques que celles de Mahnke, la même force graphique, avec une capacité supplémentaire à dramatiser chaque scène. le niveau de détails est un peu plus élevé, la mise en page est plus inventive, les cadrages donnent plus de force aux actions (Ah ! cet horrible coup de pelle dans la nuque d'un personnage), les décors (quand ils sont présents) sont conçus avec plus de soin (ce cube prison dans l'espace). L'épilogue dessiné par Wood paraît bien fade en comparaison.

Le redémarrage à zéro baptisé "New 52" n'a affecté ni la série Green Lantern, ni l'inventivité de Geoff Johns qui continue à concevoir une mythologie de plus en plus riche pour cette série, sans qu'elle n'en devienne inextricable. L'un des grands plaisirs de cette lecture est l'implication du scénariste qui utilise à plein les possibilités des comics de superhéros pour raconter des histoires merveilleuses, avec un horizon très étendu, et des dessins de bon niveau.
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