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Critique de Harnhael


Ayant suivi les cours d'histoire de l'art et d'esthétique que donnaient Michel Makarius à la Sorbonne au début des années 2000, je me souviens d'un homme passionné et passionnant, habité par des problématiques artistiques profondes qu'il traitait de manières séduisantes. Et c'est avec plaisir et non sans une certaine nostalgie que je retrouve sous sa plume cette même passion et cette même vigueur intellectuelle.

Après avoir écrit un ouvrage de référence sur les ruines dans l'histoire de l'art, c'est donc une histoire du flou qu'il nous offre aujourd'hui, à titre posthume. Divisé en trois parties – Une histoire du flou, Des présences sans visages, et enfin Peinture, photographie et vidéo – cet ouvrage retrace les contours d'une histoire de l'art dont l'évanescence du modèle ou du motif devient signe de modernité en flirtant avec les frontières incertaines du visible.

Analysant aussi bien des oeuvres de la Renaissance (de Vinci), de la période Symboliste (Eugène Carrière) ou contemporaine (Gerhard Richter, Bill Viola) Michel Makarius dévoile et définit les grandes étapes artistiques qui ont données au flou un statut à part, lui octroyant la valeur de l'aura. le flou, comme le fait remarquer Makarius lorsqu'il mentionne les acheiropoïètes de la tradition chrétienne, ces images du Christ qui n'ont pas été faites de main humaine et qui seraient donc d'origine miraculeuse, est souvent la marque du spirituel, du sacré, du divin. Comme si l'objectivité du trait, sa précision et sa définition n'était pas suffisante à représenter ce qui est hors de l'objectivité et que le flou surgissait alors comme l'une des dernières ressources picturales susceptibles de poétique et de mystique.

Mais le propos de Makarius est plus large encore en cela qu'il embrasse à travers l'histoire de l'art et ses différents médiums, la question immense et inépuisable de la représentation du réel. En une centaine de pages il nous convie à un voyage intellectuel et esthétique que jalonnent de nombreuses illustrations qui sont comme autant de balises sur ce chemin de crête qui serpente aux frontières du visible.
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