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Critique de oblo


Se réveiller dans une prison sombre, humide et pleine de misérables aux visages rongés par les années serait un cauchemar pour n'importe qui. C'est ce qui arrive à Arthis Jolinon, photographe parisien qui, éprouvant le besoin de se ressourcer, s'en va dans un coin perdu de France immortaliser des marais. Dans l'hôtel où il descend, Arthis croise une jeune femme brune, photographe elle aussi, qu'il repère dès le lendemain matin dans les marais. A propos de ces marais, qu'on surnomme au village le bout du monde, plusieurs histoires de disparitions soudaines circulent. Arthis et la jeune femme vont bientôt allonger la liste des disparus ; attaqués par des hommes en armes surgis du Moyen Âge, ils ne laissent derrière eux aucune trace, que celle des souvenirs.

Le récit de Vicomte et Makyo débute réellement dans la prison. Arthis y découvre une société d'hommes hagards, ignorant la cause de leur enfermement, divisés en factions rivales qui, pour les uns, espèrent ou oeuvrent pour une libération, pour les autres, prennent leur mal en patience. le dessin de Vicomte, admirable dans le premier album (et cependant très bon pour les trois autres, mais plus classique et plus lisse), rend parfaitement la folie des hommes, leur misère et le terrifiant environnement dans lequel ils se trouvent. Aucune réponse, naturellement, ne vient aux habituels "qui" et "pourquoi".

Les choses s'accélèrent à partir du deuxième album et de l'évasion d'Arthis. le jeune homme découvre le royaume de Galthédoc, isolé de la France depuis plusieurs siècles grâce aux marais et où règne un roi fou. Celui-ci est menacé par la coalition composée de son fils illégitime et des trois autres seigneurs du royaume. Arthis apprend que la France est surnommée le Grand Pays et qu'elle est inconnue des habitants de Galthédoc, et par là-même, est objet de fantasmes.

La trame devient alors plus classique : intrigues politiques et complots sont les maîtres-mots d'un scénario à rebondissements, habilement révélés, peu à peu, par Makyo. Paradoxalement, les trois derniers albums, très bons, souffrent probablement de l'excellence du premier. Certes, le mystère de la prison est dévoilé mais c'est aussi une partie du charme de la BD qui se volatilise avec.

Avec Galthédoc, c'est tout un univers médiéval qui est mis en scène. L'imaginaire traditionnel de cette époque : chevaliers, tournois, tortures, combats sanglants, nains difformes et superstitions populaires, trouve parfaitement sa place, tandis qu'Arthis, son amie Anne et la jeune femme brune font le lien avec notre époque, donnant tout à la fois un caractère irréel et néanmoins inquiétant au récit. Et si les alliances politiques qui se font et se défont garantissent une crédibilité et une solidité à l'histoire, la fin du premier cycle, toutefois, renoue avec la folie ambiante. La Balade au bout du monde garde donc sa cohérence et son ambiance pesante. C'est là l'une de ses grandes qualités.
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