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Critique de Colchik


Je redis ici toute l'admiration que j'ai pour Katherine Mansfield. Ce recueil de nouvelles inédites – le vieux Tar figure cependant dans d'autres éditions – nous permet d'embrasser toute l'étendue de son talent. Mansfield, c'est d'abord l'oeil, le détail qui fait mouche, non pas pour créer un effet, mais pour révéler une situation. C'est aussi un semblant de légèreté, ne pas trop appuyer sur les échecs, sur l'incapacité à s'extraire des convenances sociales, et notamment celles qui gouvernent les relations entre hommes et femmes. L'écrivaine refuse le pathos, la dramatisation de l'instant ; le cours de l'existence est versatile comme l'individu. Enfin, sous sa plume surgit la dérision dont jouent les personnages, une dérision qui s'applique à soi-même avant de se porter sur les autres, pour mettre à distance la cruauté des rapports humains.
Cette publication fort belle des Éditions du Chemin de fer rassemble parfois des textes très courts s'apparentant à des contes (Une histoire de fées), ou à une page arrachée à un journal intime (Étude : la mort d'une Rose ; Silhouettes). L'auteure s'affranchit avec une liberté vivifiante du cadre prédéfini de la nouvelle. Celle-ci doit avoir telle longueur ; eh bien non, elle peut se rassembler en une page. Il lui faut une chute ; peut-être pas si l'écriture veut restituer un tremblement de l'être, un flottement du monde. Le récit peut même céder la place au dialogue pour capter les échanges des protagonistes de l'histoire (La tournée habituelle ; Un pique-nique). Tout ceci concourt à la modernité de Katherine Mansfield, dans cette fusion étroite du style et du sujet qui n'obéit qu'à une seule finalité : transcrire au plus juste la sauvagerie de l'âme se révélant aussi bien dans le désir que dans la joie, dans la souffrance comme dans la perte.
La post-face d'Anne Besnault, érudite mais accessible, fournit un éclairage intéressant sur l'oeuvre de Katherine Mansfield et son contexte.
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