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Critique de Deborah_Valentin


Valérie Manteau nous délivre, pour cette rentrée littéraire, son deuxième roman paru aux éditions le Tripode : le Sillon ; ou l'expression des voix.
Cette oeuvre hybride, tantôt teintée de réalité tantôt enveloppée d'une bribe fictive, est une parfaite maitrise de finesse et d'impact. Sous le point de vue d'une journaliste trentenaire qui part retrouver son amant à Istanbul, nous découvrons l'histoire d'un pays souvent mal ou méconnu. La part accordée au fictif qui passe par un « je » permet de mettre en scène à travers les yeux d'un personnage français, l'ignorance que l'on peut avoir sur la culture turque, sur ce que représente le pays et la minorité arménienne qui y vit. Entre fiction et réel, le lecteur est amené à observer la passerelle entre les attentats de Charlie survenus en France et l'histoire turco-arménienne de Hrant Dink. Le destin de ce journaliste arménien - qui passe au fil des pages aux premiers plans du roman - offre une véritable opportunité à l'auteure de transmettre et d'évoquer de multiples sujets et de faire écho à de nombreuses voix. La voix d'une jeunesse locale atteinte d'une dépression nationale, la voix d'intellectuels déchirés par la souffrance du monde et de leur pays et emprisonnés pour avoir exprimés leurs opinions sur une patrie vacillante dans ses décisions qui se meurt chaque jour un peu plus. Des références délicates et incisives qui ne manquent pas de faire réfléchir et bousculer les consciences à propos de la liberté d'expression, d'une échappatoire démocratique possible selon les intellectuels par une ouverture au multiculturalisme et une coexistence des différences ; tout en défendant l'idée de ne pas s'enfermer dans ce « relatif confort identitaire » qui exclut les minorités. le Sillon est un appel à la liberté et à la paix, aux choix que l'on décide de faire – rester ou partir, parler ou se taire… Il dévoile de manière intime et à la fois suffisamment distancée, la problématique du nationalisme, de la peur et l'insécurité avec des métaphores pleines de sens comme « l'inquiétude de la colombe », oiseau si fort et si fragile, symbole de paix qui reste craintif mais avant tout libre.
Valérie Manteau parvient au travers de ce magnifique roman à nous faire basculer dans le sillon de sa plume littéraire si belle et pleine de sens.
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