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Critique de kikenbook


On ne peut pas se lancer dans la lecture du « poète en exil » sans avoir quelques connaissances sur son auteur. Ray Manzarek fut le claviériste et co-fondateur avec Jim Morrison des Doors, groupe de rock mythique de la fin des années 60 dont le chanteur connut une fin mystérieuse et précoce, à 27 ans.
Qu'on ne se méprenne pas, « le poète en exil » n'est ni une biographie, ni un témoignage. Il s'agit bien d'un roman dont le narrateur est Roy, claviériste et co-fondateur d'un groupe de rock avec Jordan, son chanteur qui connut une fin mystérieuse et précoce à 27 ans, au tout début des années 70. C'est 25 ans après les obsèques confidentielles du chanteur dans le cimetière du Père-Lachaise que débute le roman ; au moment où Ray reçoit une carte postale sur laquelle il reconnaît et l'écriture et les mots de son ami disparu un quart de siècle auparavant.
Tel est le point de départ de ce roman quasi-uchronique dans lequel Manzarek imagine que Jordan-Jim, dit le Poète, a mis en scène sa mort pour s'éclipser de la vie médiatique et musicale et s'installer sur une île en plein Océan Indien. Commence alors la quête du disparu qui finalement dure peu de temps, car l'essentiel du roman est constitué par les retrouvailles entre les deux amis et le récit des 25 ans qui ont conduit l'icône rock partie en pleine déchéance à une sorte de rédemption.
Ce n'est pas un panégyrique à la gloire de Morrison que nous livre Manzarek, car il n'épargne guère le Jordan du roman quand il en dresse le portrait d'une star décrépite, non, « le poète en exil » est avant tout, une extraordinaire déclaration d'amitié. de ces amitiés qui, parce qu'elles ne font pas de la mort un obstacle, frôle l'éternité. Chaque évocation de ce lien qui unit Ray et Jordan est l'occasion d'accompagner la mélodie du verbe « aimer » de toute une gamme d'émotions sincères et sobres. À côté de cela, si la partie axée sur la lente mue du Poète lors de sa découverte de la spiritualité hindouiste peut paraître un peu longuette, on savoure l'éloge du rock, ce mariage tumultueux qui unit les notes des musiciens aux vers du poète. le récit en parallèle des conséquences du poids de la célébrité sur les épaules de Jordan est terrible et touchant. C'est tout un embrouillamini de peurs, de colère, de sentiments contraires qui conduisent l'artiste à chercher des échappatoires dont il fait ses muses : alcool, drogue et sexe sont les cris qu'il pousse dans les ruines d'une vie grillée par les projecteurs et la popularité. C'est tragique mais Manzarek a choisi la métamorphose de l'ange déchu plutôt que la glorification d'une sorte d'épectase du chanteur dans un dernier shoot d'amour avec la bibine. Une métamorphose racontée avec la plume (traduite par Gorian Delpâture) émouvante, parfois même poétique d'un Manzarek qui trouve par son roman le moyen de faire revivre, de libérer le Poète qui fut surtout pour lui l'Ami.
On appréciera l'excellente idée de la maison Aux Forges de Vulcain d'avoir mis en fin d'ouvrage des notes du traducteurs qui, chapitre par chapitre, précise les éléments véridiques liés à l'histoire de Morrison et des Doors. Une mine d'infos pour qui n'est pas connaisseur, comme moi.
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