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Critique de Polomarco


L'histoire se déroule en Italie du Nord, en Lombardie, entre le lac de Côme, Milan et Bergame, de novembre 1628 à août 1630.
Deux jeunes fiancés, Lucia et Renzo, se trouvent empêchés de se marier à la date prévue, parce que Don Abbondio, le curé qui doit les marier, s'y refuse soudainement, en raison des menaces de mort qu'il vient de recevoir, s'il passe outre. Ces menaces lui sont exprimées par les "braves" -c'est-à-dire les mercenaires, les affidés- de Don Rodrigue, le seigneur de la contrée, qui éprouve un petit faible pour Lucia.
Tel est le point de départ de ce roman, qui va ensuite relater les tribulations de nos deux tourtereaux, Il s'en passera, en effet, des choses, avant qu'ils puissent "convoler en justes noces" !
Les fiancés sont une grande fresque historico-romanesque.
Historico, car l'Histoire y occupe une place importante. de nombreuses digressions, portant notamment sur les guerres de l'époque, la famine de 1628 et la peste de 1630, sont assorties d'autant de notes regroupées à la fin de l'ouvrage. On découvre ainsi la grande figure du Cardinal Frédéric Borromée, archevêque de Milan, qui illustre la forte influence du christianisme dans la société de l'époque. 
Romanesque, parce que l'auteur utilise ces digressions pour éloigner le lecteur des fiancés, et par la même occasion, éloigner les fiancés l'un de l'autre, jusqu'au lazaret final. Manzoni en profite pour porter un regard plein de recul sur les événements qui jalonnent le récit : des petites "leçons" ou morales concluent en effet certains passages, comme pour mieux en faire retenir la substantifique moëlle : par exemple, des lignes sur l'amitié et le secret (chapitre IX, pages 283-284), les habitudes bien enracinées (chapitre XIV, page 346), la connaissance des faits pour apprécier une situation (chapitre XVIII, page 406), la compassion (chapitre XXI, pages 458-459), etc. Ces observations sont pleines de bon sens, même si certains pourront parfois s'agacer de leur côté un peu moralisateur.
Roman écrit au XIXème siècle, Les fiancés comportent inévitablement des termes aujourd'hui désuets (bélître, brinde, douaire, escopette, estafier, huis, podestat, ribaud, etc.) ; cela enrichit notre culture. L'ouvrage est rédigé avec un style riche, grâce auquel une idée est exprimée de différentes façons dans une même phrase, à l'opposé de la concision. le roman comporte donc des phrases longues, qui imposent au lecteur un rythme de lecture lent, découlant d'une attention soutenue. Certaines descriptions m'ont d'ailleurs paru interminables : la présentation de la "Dame" (chapitres IX et X), ou les émeutes liées au prix du pain (chapitres XII et XIII).
Heureusement, l'humour n'est pas absent (notamment le chapitre VIII relatif à la tentative de faire célébrer le mariage par ruse). S'ajoutant aux autres qualités du roman, et à l'étendue des thèmes qu'il couvre, il contribue à faire des Fiancés une oeuvre ample et puissante, à l'image de l'espérance dont les fiancés, obligés de faire "contre mauvaise fortune, bon coeur", vont faire preuve au fil du roman, avant le "happy end" bien mérité : "je l'ai retrouvée; elle est guérie; elle est mienne !"
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