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Critique de CelinePointAlaLigne


« Il a suffi que je prenne de l'âge, et que j'aille servir ma patrie adoptive au pays de mes ancêtres, pour que j'en arrive à me demander si je n'étais pas trahi par tout ce qui m'entourait, le peuple blanc ne me reconnaissant pas pour sien, le noir me reniant presque. Telle est mon exacte situation. »
Telle était l'exacte situation et la pensée de Jean Veneuse, début XXe, antillais qui a passé l'essentiel de sa vie à Paris et à Bordeaux puis qui a rejoint les côtes africaines pour servir sous les drapeaux.
Amertume d'autant plus importante que Jean a dû renoncer à l'amour. Andrée Marielle. Blanche et notable. Jean se convainc que leur amour est rendu impossible du fait de leur différence de couleur de peau.

De ce récit, j'ai surtout aimé le dépaysement. le départ, l'ambiance sur le paquebot, la description des côtes et des villes escales, de l'Afrique. le rythme est soutenu et contraste bien avec l'immobilisme du navire. Une lecture-voyage comme je les aime !

Il n'en reste pas moins que l'autre enjeu de ce texte réside dans l'introspection de Jean Veneuse, l'exploration qu'il fait de ses sentiments amoureux. Avec son esprit poétique et doté d'une belle culture littéraire, Jean ne se fait aucun cadeau.
Son amour pour Andrée est réciproque et profond mais la peur de ne pas être à la hauteur et la crainte de ne pas être un couple accepté du fait de leur mixité le tétanisent.
Cela étant, les remarques faites par ses compagnons de voyage qui se défendent d'être racistes ne risquaient pas de l'aider à surmonter cela !
« C'est parce que, reprend Moynac dépité, si le Bon Dieu a fait le café et le lait, il n'a pas fait le café au lait. »
« C'est curieux, énonce-t-il sur un ton sentencieux, comme les nègres sont bien vus, en France, depuis la guerre ! Surtout de nos femmes. Elles raffolent littéralement de nos frères noirs. Je ne dis pas ça, Veneuse, pour vous désobliger. D'ailleurs, vous n'êtes pas un vrai noir, vous. Ni par la peau, ni par l'intelligence, ni par la culture. Somme toute, vous êtes des nôtres. »
J'ai été moins emportée par cette dimension que par celle du voyage et avoue n'avoir su éprouver assez d'empathie pour cet homme « pareil aux autres ».
Pour autant, ce texte en dit long sur les barrières que l'homme est capable de mettre, parfois à lui-même.
En résumé, la très belle préface de Mbougar Sarr vous dit globalement la même chose que moi mais en infiniment mieux !!
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