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Critique de Acerola13


Un dictateur après l'autre : dans cette série « Dans la tête de », trois auteurs décryptent le régime autoritaire de Bachar al-Assad, en rappelant l'héritage qu'il doit à son tyran de père, Hafez al-Assad.

Ce dernier profita de la mort de Nasser pour appliquer la doctrine « diviser pour mieux régner », en attisant les dissensions entre Palestiniens et factions libanaises, réprima très violemment la population syrienne, notamment à Hama en 1982, où naquit une contestation au parti Baas menée par les Frères musulmans. Bachar n'a donc rien d'un innovateur ; son père pratiquait déjà torture, viols, enlèvements et disparitions non seulement sur le sol syrien, mais aussi sur le sol libanais. Cet autoritarisme propre aux Assad fait l'objet d'une transmission planifiée et organisée par Hafez, qui manque de bol voit son héritier proclamé périr dans un accident de voiture : le timide Bachar doit prendre la relève de son frère Bassel…Si seulement il avait pu prendre cette succession un peu moins au sérieux !

D'après les auteurs, le triptyque modernisme, anti-impérialisme et laïcité permit au régime syrien d'être considéré comme digne de relations diplomatiques avec les pays occidentaux parmi le chaos régional ambiant ; l'épouse de Bachar, Asma, faisant d'ailleurs office de jolie vitrine du prétendu progressisme syrien et reçues dans nombre de capitale occidentales.

Nuançant le schéma classique d'une Syrie où les sunnites affronteraient la famille Assad liée aux alaouites, ce livre rappelle que les liens avec cette communauté existent certes, mais que cette dernière n'est pas homogène et rencontre les mêmes problématiques (fracture sociale, pauvreté, commerçants, urbains, ruraux…) que les autres communautés syriennes.
Ce qui répugne le plus reste sans doute l'incroyable prétention d'un président considérant son pays comme son domaine, sa chasse gardée, au mépris le plus total de la population. La « ligne rouge » des Américains durant la guerre civile est d'ailleurs critiquée, puisque polarisant tout le débat et laissant dans l'ombre les autres crimes odieux, comme s'ils étaient moins graves que l'utilisation d'armes chimiques. Une ligne rouge que le président Assad franchit allègrement et sans hésitation, manipulant l'opinion publique en se jouant de la rumeur et des peurs américaines suite au scandale des armes chimiques en Irak inexistantes.

Un fils décidément digne des atrocités de son père, tout aussi efficace dans la distillation du doute et du soupçon. On ne peut qu'être dégouté à la normalisation progressive de ce bourreau sur la scène arabe et internationale.
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