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Critique de fuji


Par une journée lourde de soleil, une femme au volant de sa voiture arrive au bout d'une route. Elle a un rendez-vous aussi passionnant que troublant. Elle, Valérie, journaliste et écrivain, va à la rencontre d'un groupe de femmes en prison.
Valérie fraîchement divorcé, vit avec ses deux adolescents et depuis quelques mois elle est amoureuse d'un écrivain rencontré lors d'une dédicace.
Valérie a conscience d'être chanceuse avec un métier qu'elle aime et qui lui donne son indépendance, ses enfants sont sources de bonheur, le seul ayant à ses yeux ses lettres de noblesse et même si elle a été blessée par la duplicité de son époux le divorce s'est bien passé. Depuis elle est amoureuse comme une adolescence.
Cette plongée dans le monde de l'incarcération est un révélateur. Les femmes qu'elles rencontrent ont beaucoup à lui dire, elles se confient, il y a un échange véritable avec du respect de part et d'autre. A part, une belle femme brune, ne participe pas, trop émue et trop fracassée par son incarcération qu'elle sait méritée mais… c'est Nathalie.
Entre Valérie et Nathalie un pont va s'ériger.
Valérie est un bout de femme qui derrière un sourire lumineux cache un manque d'assurance, une bonté à fleur de peau, elle ne feint pas de s'intéresser aux autres, elle ne pose jamais la question : ça va ? sans écouter la réponse, non elle sait ressentir et observer.
Nathalie révèle qu'elle a était psychanalyste avant et que sa solitude en prison est compensée partiellement par ses études pour devenir psychiatre.
Depuis cinq ans qu'elle est derrière les barreaux elle n'a eu aucune visite familiale ou amicale.
« Cette phrase suffit à me libérer. Les mots sortent tous seuls. Je lui raconte ce sentiment que j'ai de vivre sur un mensonge, d'être en danger permanent d'effondrement, de ne pas savoir aimer, de mériter des souffrances. »
Ce sentiment lecteur, vous découvrirez à laquelle de ces deux femmes il se réfère.
Ce duo de femmes, nous renvoie des émotions, des sensations, des réflexions sur des instants de vie que nous avons toutes eu à affronter.
Des beaux portraits, travaillés en finesse, générosité et humanité.
Marina Carrère d'Encausse a vécu le premier chapitre de son livre je n'en doute pas, tant la sincérité s'échappe de ce décor qui introduit une histoire de femmes avec ce concept d'enfermement. L'une est réellement enfermée derrière des murs, des portes fermées à clefs, des barreaux partout et le dénuement qui va de pair pour tous les objets du quotidien que les femmes trouvent normal d'avoir en leur possession. L'autre est-elle libre pour autant, n'a-t-elle pas construit des murs invisibles dès le moment où son regard croise dans la glace une personne qu'elle n'aime pas ? Où, lorsque qu'un incident se déclenche elle en porte la culpabilité entière ? Cette propension à se sentir coupable de tout, n'est-il pas un enfermement ?
S'il y a bien un secret dans cette histoire, cela va plus loin, plus en profondeur sur les mécanismes psychologiques des femmes.
Le final est comme le dernier accord d'une belle partition.
C'est une écriture gracieuse qu'il ne faut pas qualifier trop vite de simple.
George Sand écrivait : « Il y a des sourires dont la grâce parle à l'esprit, et qui vont droit au coeur. » et je trouve que cette image est la représentation de ce que l'on ressent en rencontrant Marina.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 22 octobre 2017.
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