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Critique de Sachenka


Menfou Carcajou est un voyage dans le passé, au temps des colonies. Dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, Montréal et la Nouvelle-France ne sont que les embryons d'un empire. C'est le deuxième roman de l'auteure Suzanne Martel qui traite de cette période. Elle s'est visiblement documentée, plus même, allant jusqu'à visiter des coins reculés du pays, descendre en canot des rivières, faisant du portage et dormant dans des tentes dans des conditions difficiles. J'apprécie cette rigueur historique, cela a grandement aidé à l'authenticité de son récit. Malheureusement, ça ne l'a pas rendu plus intéressant. Trop souvent, j'avais l'impression de suivre un cours d'histoire (et de vieux français) au lieu lire une histoire passionnante.

Ça commence avec la famille Cormier dont le plus âgé des frères Xavier, surnomé Menfou Carcafou, est condamné à payer une amende et à être attaché à un poteau pendant trois heures. Il a mangé de la viande pendant le carême et a lancé des sacres. C'est l'occasion de présenter le pouvoir de l'Église catholique et le côté impulsif et tête brulée du personnage principal.

Mais Menfou Carcajou est-il vraiment le protagoniste ? Il a tout ce qu'il faut : le passé trouble, le tempérament enflammé, le métier excitant, etc. Toutefois, le roman porte autant attention à ses frères, à Sophie, Bernadette et d'autres de la petite colonie. Aussi sur Isabelle de Rouville et son frère Simon (ceux qui ont lu Jeanne fille du Roy se souviendront d'eux). le roman est autant l'histoire de ces personnages que de la colonie. À travers eux, on découvre le fonctionnement des bourgades de Ville-Marie et de Lachine, entre autres les mariages. La traite des fourrures occupe également une place importante. Cela sous-entend les échanges avec les Amérindiens alliés (les coureurs des bois doivent voyager en canot et dormir à la belle étoile pendant quelques jours pour les retrouver) mais aussi les conflits avec les Iroquois.

Comme je l'écrivais plus haut, tout semble exact et bien documenté mais, à trop vouloir expliquer cette fascinante période, Suzanne Martel a étrangement réussi à la rendre inintéressante. Son roman était instructif mais je n'ai eu aucun plaisir à le lire. Et ce malgré plusieurs éléments bien réussis : les personnages ont chacun leur passé captivant, leurs émotions palpables, leur place dans cette histoire mais tout au long il me manquait ce petit quelque chose, cette étincelle qui aurait rendu cette intrigue mémorable. Mais quelle est-elle, justement, cette intrigue ? Peut-être y avait-il trop de… tout ? Et cela a dilué l'histoire. À mon avis, il manquait peut-être cette unité d'action. Elle aurait dû être centrée sur seulement l'un d'eux, comme Menfou Carcajou. J'en suis désolé, je voulais l'aimer, ce roman, ou du moins l'apprécier davantage.
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