AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Romileon


Heyum Lehmann qui débarque à New York a perdu 8 kg , a appris à boire, à jouer aux cartes, aux dés, à parier. Lui qui a entrepris ce voyage timide et taciturne a pris beaucoup d'assurance en 45 jours de traversée.

« C'est alors
qu'un individu le secoua par le bras.
C'était un officier du port,
Uniforme sombre,
moustache blanche, grand couvre-chef.
Il notait dans un registre
le nom et le nombre des arrivés
Posant des questions simples dans un anglais élémentaire :
« Where do you from ? »
« Rimpar. »
« Rimpar ? Where is Rimpar ? »
« Bayer : Germany. »
« And your name ? »
« Heyum Lehmann. »
« I don't hunderstand. Name ? »
« Heyum… »
« What is Heyum ? »
« My name is… Hey.. Henry ! »
« Henry, ok ! And your surname ? »
« Lehmann… »
« Lehman ! Henry Lehman ! »
Henry Lehman. »
« Ok, Henry Lehman :
Welcome in America.
And good luck ! »
Il apposa le tampon :
11 septembre 1844.
Abattit la main sur son épaule
et alla interpeller un autre homme."


On lui prodigue des conseils.
Des amis allemands : « Gagne de l'argent avec ce qu'on est bien obligé d'acheter. »
Le rabbin Kassowitz : « Un poisson vit dans l'eau et l'eau ne se trouve pas seulement dans la mer. »
Ou encore son père, Abraham Lehmann avec deux « n », marchand de bestiaux à Rimpar :
« L'AMOUR EST INVISIBLE
MAIS L'ODEUR DE L'ARGENT
MEME L'AVEUGLE LE SENT. »


Le voilà tenant boutique à Montgomery, Alabama.
Elle est «Petite, infime, minuscule, mais bien à lui. »


H. LEHMAN TISSUS ET HABITS devient vite TISSUS ET HABITS LEHMAN BROTHERS quand Emanuel et Mayer, ses frères le rejoignent.
Et très vite, ils ne se contentent pas plus de vendre du tissus mais du coton , l'or de l'Alabama, des outils, des semences, et puis du café, et du charbon, et puis du pétrole, et investissent dans les nouvelles technologies : les chemins de fer, l'automobile, l'aviation, le téléphone, la radio et aussi dans la culture : peinture, BD, cinéma…
Et, de fil en aiguille la trame de la société Lehman Brothers se construit, s'étoffe, se renforce de l'arrivée dans les affaires des fils, petits-fils qui, chacun, apporte ses idées, ses talents, ses compétences à la construction familiale.


Dans un style original, fait de retour à la ligne, ce roman ne ressemble à aucun autre (quoique « A la ligne » !!), disons plutôt, à rien d'habituel.
Cela pourrait être des vers mais cela n'en est pas, enfin, pas vraiment.
Je me suis demandé si ce choix était en rapport avec le poisson qui nage de la mer au fleuve, du fleuve à la rivière, de la rivière au ruisseau. Cette eau qui glisse, fluide, partout comme l'argent, pour s'amasser dans des lacs, des étangs.. ?
En tout cas cela donne un rythme très rapide à la lecture car souvent les lignes ne sont constituées que de quelques mots, de phrases nominales, présentes de nombreuses répétitions.
J'ai beaucoup aimé les allusions au yiddish qui sont fréquentes au début du récit notamment pour qualifier les personnages. Ainsi Mayer, très accommodant, très bon pour négocier est dit « Kish-Kish » ou le fils d'Henry, enfant très agité est appelé Dreidel, toupie… Cela confère au récit une note très ashkénaze qui au fil de la narration est remplacée par des termes anglo-saxons suivant le fil de la généalogie.
Découvrir et suivre la construction de l'édifice Lehman Brothers , la famille (sauf les femmes à peine évoquées) leurs partenaires, leurs associés ainsi, avec la touche d'humour qui sourd à chaque page ou presque est un exploit, d'autant que tout est vrai.



Commenter  J’apprécie          316



Ont apprécié cette critique (31)voir plus




{* *}