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Critique de Luniver


Troisième volume des aventures de Toine Culot dans le petit village ardennais de Trignolles. Mais cette fois-ci, petit village ou non, gens tranquilles ou non, il va falloir entrer dans la grande Histoire… car nous sommes en 1940, et l'Allemagne vient d'envahir la Belgique.

On vit donc cette seconde guerre mondiale de l'intérieur, bien loin du front. D'abord la sidération du village à la tombée des premières bombes dans la région ; puis l'évacuation d'urgence vers la France, en prenant le strict nécessaire dans une charrette, et en essayant d'aller plus vite que l'armée allemande qui talonne. Les réfugiés, d'abord accueillis fraternellement par les voisins, sentent le ton changer quand le flux grandit et que l'armée belge capitule, laissant la France seule face à l'Allemagne ; puis, après l'armistice de l'Allemagne avec la France, le retour dans le village pillé, sous le joug des forces allemandes et rexistes.

Ce livre a été publié en 1946, et ça se ressent. La guerre vient tout juste de s'achever, et des années d'humiliation et de rancoeur peuvent enfin s'exprimer. On est bien loin des pudiques « fusillés par l'ennemi » sur les plaques commémoratives, et des « il y a eu des victimes innocentes dans les deux camps ». À cette époque, on sait très bien qui est l'ennemi : l'Allemand, le Boche, qui est, encore une fois, venu ensanglanter la terre natale et priver des familles de pères et de maris. Il n'y aura donc pas de nuances dans les descriptions : les allemands seront décrits comme un peuple composé uniquement d'individus aux traits porcins, soit bêtes et lourdauds, soit tyranniques et cruels, dont il est vain d'espérer quoi que ce soit de meilleur.

Le ton du livre reste malgré tout assez léger, bien qu'avec des accents fortement patriotiques. Les envahisseurs sont stupides, et les collabos des gens déjà méprisés avant l'invasion par les Trignollais. Tous les autres villageois leur joueront donc des bonnes farces, soulignant par là leur stupidité : une troupe armée jusqu'aux dents, essayant de semer la terreur en braillant des ordres en allemand, reste impuissante face à la malice des habitants du cru dans leur bon droit.

Un volume bien plus engagé que les précédents, mais qui offre un témoignage important sur la seconde guerre mondiale, en décrivant la vie comme elle a du se passer dans des centaines de petits villages, occupés à vivoter chichement loin des grandes manoeuvres, et en offrant assez de résistance passive pour sauver son honneur sans mettre sa famille en danger. Arthur Masson parvient tout de même, au milieu de ces drames, à nous tirer quelques larmes de joie et d'émotion.
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