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Critique de Pecosa


Au cours de l'été 1617, Isidoro Montemayor, correcteur d'épreuves dans un imprimerie, auteur de gazettes sur la vie de la cour, et gérant d'un tripot madrilin se voit confier par l'éditeur Francisco Robles une mission des plus urgentes. Trouver l'identité de l'homme qui a osé écrire et faire publier une suite au Don Quichotte de Miguel de Cervantès. Pour l'éditeur, l'affaire est grave. Cervantès, malade et vieillissant, a cessé d'écrire le privant ainsi d'espèces sonnantes et trébuchantes. Quand à la Seconde Partie de l'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, imprimée à Tarragone par un certain Felipe Roberto et composée par M. Alonso Fernández de Avellaneda, natif de Tordesillas, Robles est sûr qu'elle se vendra bien. L'indignation lui fait perdre le sens commun: « On ne se fout pas de moi! ajouta-t-il. J'ai besoin que tu le trouves. J'ai besoin que tu saches où il habite, avec qui il baise, ce qu'il mange et quand il chie. Je veux tout savoir de ce misérable. Tout."
Bienvenue dans le Madrid de Philippe III, miasmes, puanteurs et crasse garantis sur facture. Montemayor se jette à corps et âme dans son enquête, et nous le suivons des ruelles aux bordels et des palais aux bouges les plus infâmes. Remuant ciel et terre pour percer le secret de l'identité du mystérieux Alonso Fernández de Avellaneda, Isidoro s'entretient avec les libraires, les imprimeurs, les auteurs et pamphlétistes que compte la ville de Madrid, interroge sans relâche le Manchot de Lépante, Lope de Vega, Francisco Gómez de Quevedo…littéralement obsédé par la suite apocryphe du Don Quichotte de Cervantes et les secrets qu'elle recèle.
Formidable roman d'aventure picaresque, Voleurs d'encre nous plonge avec délice (et en odorama) dans le Siècle d'or espagnol, dans une Espagne gouvernée par les favoris de Philippe III. Le pays est saigné à blanc par les guerres et les banqueroutes, affamé par le manque de bras pour cultiver la terre après les nombreux conflits, les départs pour l'Amérique et l'expulsion des morisques. Les petites gens tentent de survivre attirés par la ville, les nobles intriguent et les auteurs cherchent protections et faveurs.
Alfonso Mateo Sagasta est un extraordinaire conteur qui manie l'humour et la trivialité comme personne. Dans son roman, les gueux côtoient les princesses, les putains portent des capes de chevalier de Calatrava, et les prêtres emprisonnés à Alger par les Barbaresques racontent de terribles histoires sur le cruel Hassan Pacha et son illustre prisonnier, Miguel de Cervantès. Voleurs d'encre est certainement l'un des meilleurs romans consacrés à l'auteur du Quichotte, une excellente satire sociale. Elle plaira aux lecteurs des aventures d'Alatriste: Isidoro Montemayor était dans les Flandres, à Ostende, et croise à plusieurs reprises dans les rues madrilènes d'anciens Tercios désoeuvrés, ainsi que le capitaine Alonso de Contreras et sa célèbre moustache.
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