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Critique de alouett


Thomas, Rémy, Sophie…

Ils ont une dizaine d'années et racontent leurs souvenirs d'école, de kermesses, de dimanches en famille…

D'anecdotes en anecdotes, des adultes se replongent avec amusement dans les situations qui les ont marqués durant l'enfance.

Attention : humour grinçant !

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Petites Hontes enfantines est un album surprenant. Tout d'abord parce que pour un premier album d'auteur, je le trouve assez abouti. Ensuite parce le lecteur est assailli dès le visuel de couverture par l'image de ce petit garçon écrasé par le poids des fleurs de son bonnet de bain. On imagine facilement à quel point ce couvre-chef disgracieux l'encombre, on imagine aussi les railleries de ses camarades de classe. L'univers nous est familier et ce qui est terrible, c'est le relent de « Tiens ! Ça me rappelle quand… ». Car avouons-le, on a tous un jour ou l'autre connu une situation proche voire similaire… ça m'a rappelé ces affreuses chaussures jaunes-fluo que j'avais au début du Collège ! Qu'est-ce que j'ai pu pester ! Qu'est-ce qu'elles ont fait rire mes camarades !! Et vous ? ^^

Crayon en main, Laureline Mattiussi a compilé, en 63 pages, des « petites hontes enfantines » triées sur le volet. Aidé d'une douzaine de narrateurs et au rythme de courtes scénettes, le lecteur découvre des expériences qui ont laissé au mieux un gout d'amertume en bouche, au pire une trace indélébile. « J'ai 10 ans… », chacun y va de sa chansonnette et revit une heure (plusieurs ?) peu glorieuse de sa vie. Comme ce jour de kermesse d'école qui vire au cauchemar parce que l'on en sort avec un gros complexe physique sur lequel on va focaliser pendant des années… Un sentiment qui s'est tellement bien accroché que, bien que devenu adulte, il nous colle encore à la peau !

Petites hontes enfantines c'est aussi un regard décalé sur les adultes. Ces derniers, de manière inconsciente, prononcent souvent des petites phrases assassines difficiles à digérer. Chaque expérience est racontée avec le coeur et souvent complétée des sensations ressenties à ce moment là, comme si la mémoire était avant tout physique. Tantôt muets tantôt plus loquaces, j'ai trouvé les dialogues succulents car souvent sarcastiques. Certains affabulent complètement sur ce qui s'est passé, d'autres le racontent « vite-fait » en deux pages. le lecteur bénéficie toujours du recul amusé des orateurs qui font preuve d'une bonne louche d'auto-dérision. Enfin, si chaque histoire dispose d'un dénouement (qu'est-ce que le narrateur a tiré de cette expérience), il est fréquent que Laureline Mattiussi laisse son lecteur libre d'en conclure ce qu'il voudra, le renvoyant une nouvelle fois à son vécu.

Le trait est rond, disgracieux et nerveux. Les personnages sont expressifs et l'ambiance est sombre (parfois trop). L'auteure joue avec les proportions et les angles de vue pour renforcer le comique de situation. Un choix qui colle bien au thème puisqu'il aide à matérialiser les souvenirs des uns et des autres (contexte, gêne ressentie…) tout en jouant sur le fait que beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis et que les souvenirs ont immanquablement été façonné par le temps qui passe…

Un coup de crayon épais et nerveux pour une plongée en enfance. Un album sans concessions mais même si les situations sont cruelles, on en sourit forcément !
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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