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Critique de Biblioroz


1830, le matin de son mariage, Janet, le regard perdu vers la mer, s'interroge sur sa vie, la vie de ses enfants et petits enfants à venir avant qu'elle finisse par rejoindre le cimetière de Lanoc.

À un siècle de là, sur la même colline surplombant la mer, son arrière petite fille Jennifer pensera à ses parents, grands-parents et aux générations précédentes qui se sont également, un jour, tenus là. Ils ont tous constitué la chaîne générationnelle dont elle est issue.

Sur cette chaîne, quatre générations se succèdent dont l'auteure a extrait quatre maillons féminins ou masculins représentatifs des tumultes familiaux, des passions du large, des besoins d'indépendance et de l'amour porté à ce petit port des Cornouailles.

Janet est une jeune fille sauvage, aimant courir la colline, ses rêves s'égarant au-delà du port de Plyn, vers les flots qui satisferaient ses envies d'espace, d'échappées, d'immensité.
Elle se complait pourtant, pour un temps, dans son foyer, mais la chaleur et la paix de sa maison ne peuvent pas lui suffire durablement. du haut de sa colline, elle voit la liberté filer à chaque bateau qui quitte le port.
Ce sera donc à travers son second fils, Joseph, à qui elle transmettra son désir de navigation qu'elle assouvira ses rêves, ceux qui lui sont refusés de par sa nature de femme.

Lorsqu'on a déjà lu plusieurs livres de Daphné du Maurier, on ressent les petites imperfections de ce premier roman. L'écriture y est inégale même si cela n'entache pas l'agréable fluidité de lecture. On la sent plus à l'aise dans les descriptions qui bourdonnent des bruits de la mer, des bateaux, de la vie et des mouvements qui animent ce petit port de Plyn. On se laisse aisément emporter par le devenir du chantier naval des Coombe qui doit faire face à l'évolution du commerce et qui va souffrir d'un besoin de vengeance de l'un des fils de Janet dont l'animosité sera grandissante au fil des années.
Les relations humaines au sein des Coombe se répondent au fil des générations. Amorcé par Janet, le besoin obsessionnel de vouloir partager cet amour de la mer et de la navigation sera à l'origine de préférences bien trop marquées pour un seul des enfants dans chacune des familles qui se succéderont. Ainsi, j'ai trouvé bien trop ambiguë l'amour que porte Joseph à sa mère Janet et l'insistance sur cette relation m'a plutôt gênée dans la première partie. Cet attachement excessif découle sur un amour bien trop ardent qui aurait mérité d'être plus mesuré sans nuire au déroulement du roman.
Joseph ne s'intéressera aussi qu'à l'un de ses fils, reconnaissant en lui les yeux de sa mère. Peu sympathique, Joseph a pris femme uniquement pour échapper à sa solitude et trouver dans l'un de ses enfants la continuité de Janet. Son choix porté sur Christopher sera cependant malheureux car le métier de marin et la mer elle-même font rapidement horreur à cet élu qui n'aura qu'une envie, celle de quitter Plyn pour un plus bel avenir.

La puissance de l'appel de la mer dans les liens qui unissent Janet à Joseph, Joseph à Christopher et Christopher à Jennifer est l'atout majeur du roman et son exploitation est admirablement maîtrisée.
Aucun effort n'est nécessaire pour sentir l'attraction magnétique de cette mer alliée au puissant sentiment d'appartenance à ce petit coin des Cornouailles. Plyn et sa beauté tranquille, animé par la plainte perpétuelle des mouettes, sera perçu comme une nécessité, l'unique lieu où les vides et les inquiétudes laissent place à une paix rassérénante.
Emblème et actrice de cette chaîne familiale, la goélette «Janet Coombe » construite sur le chantier et faisant commerce de port en port, renfermera les souvenirs de toutes ces passions maritimes et humaines. Janet traversera ainsi le siècle, figée sur un morceau de bois artistement sculpté et peint, cette figure de proue qui, même sur l'épave continue de fixer ses descendants.
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