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Critique de scarlett12



Patrick Branwell Brontë est le 4ème enfant de la fratrie Brontë et le seul garçon parmi les six enfants.

Il est le plus chéri de ses parents et de ses soeurs. Enfant surdoué, HP dit-on maintenant, il est aussi nerveux, instable et épileptique.

Confronté très jeune à la mort, sa mère décède lorsqu'il n'a que 3 ans, il est pris en charge par Maria, l'aînée de la famille alors que celle-ci n'a que 6 ou 7 ans et qui lui sert de petite mère. Un peu plus tard, Maria et Elisabeth sont envoyées en pension et, quoique choyé et idolâtré par son père, Maria lui manque, d'autant plus que les deux aînées reviennent du pensionnat pour mourir au presbytère dirigé par son révérend de père. Deuxième deuil déjà pour ce jeune enfant qui vit au presbytère entouré d'un cimetière où sont enterrées sa mère et ses deux soeurs aînées.

Branwell, s'enferme alors dans des mondes imaginaires qu'il partage avec Charlotte, Emily et Anne. Son imagination sans limites en fait le chef incontesté. Ayant créé, parmi leurs nombreux mondes, celui d'Angria à partir de petits soldats de bois offerts par son père, il en distribue un à chacune de ses soeurs. C'est d'eux qu'émergèrent les héros que ses soeurs introduisirent plus tard dans leurs romans. le soldat qui pour Charlotte incarnait Wellesley, duc de Wellington, se transforma en Rochester, aimé par Jane Eyre. Parry, celui d'Emily, devint Heathcliff et Ross, le soldat d'Anne, personnifia Arthur Hutingdon dont la femme s'enfuit à Wildfell Hall.
Branwell, quant à lui choisit Alexander Percy qui demeura ignoré et inconnu.

Ils rédigeaient tous quatre des aventures écrits en lettres minuscules, pour leurs personnages. Vivant dans des mondes complètement imaginaires, Charlotte et Emily durent toutefois en sortir pour se rendre à leur tour en pension. Seuls demeurèrent au presbytère Anne pour son jeune âge et Branwell qui, chéri de son père, reçut une instruction plus poussée que ses soeurs, il en fallait bien tant pour le petit génie. Charlotte avec laquelle il avait le plus d'affinités, lui manqua cruellement à son tour.

Avec le temps, ses soeurs trouvèrent chacune un emploi de gouvernante tandis que Branwell se vit refuser l'entrée à la National Portrait Gallery, que ses innombrables poèmes ne trouvèrent aucun éditeur et que finalement engagé aux chemins de fer,il se fit renvoyer à deux reprises. Il faut dire que ses nerfs fragiles ne jouaient pas en sa faveur et que l'absorption d'alcool et de laudanum n'arrangèrent pas le problème.
Finalement, engagé comme précepteur dans la même maison qu'Anne, il en fut vite chassé pour comportement inadéquat. Daphné du Maurier le soupçonne d'avoir été amoureux d'une des filles de la maison, Lydia, qui s'enfuit bientôt avec un comédien qu'elle épousa en cachette. Branwell, honteux de son manque d'audace et n'osant s'avouer sa défaite, prétendit alors avoir eu une liaison amoureuse avec Mrs Robinson, la mère de la jeune fille, elle aussi prénommée Lydia. de mensonges en crises de schizophrénie, il perdit alors tout sens de la réalité et de l'imaginaire.
Etre torturé et songeant de plus en plus à la mort, il passa ses jours désoeuvré et accentua sa consommation alcoolique additionnée de laudanum. Cela fit évidemment vaciller davantage le peu de raison qu'il lui restât.

Un élément est fort interpellant : un soir dans un bistro il sortit des feuilles manuscrites de son chapeau et les lut à ses camarades de beuverie, il s'agissait ni plus ni moins de passages des "Hauts de Hurlevent", ébauche du fameux roman attribué plus tard à Emily ... alors, feuillets volés à sa soeur ou au contraire, Emily s'attribua-t-elle les idées de Branwell ? Il est vraisemblable qu'ils y contribuèrent tous deux, Branwell représentant le fameux Heathcliff ...

Bien que ses soeurs lui dissimulèrent l'édition de leurs livres, il s'en douta et en conçut une amertume telle qu'il se considéra plus que jamais comme un raté et n'aspira plus qu'a son trépas. Branwell, génie méconnu, mentor de ses soeurs mourut à 31 ans, probablement de tuberculose et sa vie fut un vrai gâchis où, trop fragile pour vivre une vie réelle, il gaspilla toutes ses géniales aptitudes dans des mondes imaginaires sans réaliser le moindre de ses dons.

Peut-être est-ce une maladie nerveuse génétique ou bien, ce monde de deuil où il fut contraint de vivre mais plus probablement l'aboutissement d'un enfant trop choyé, considéré, à juste titre comme un génie, et qui ne réussit pas à faire adhérer ses mondes imaginaires à la réalité. Dommage pour lui, pour son entourage et pour la postérité que le gaspillage de tant de dons qu'il transmit finalement à ses soeurs sans en jouir lui-même ...
Pauvre Branwell ...
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