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Critique de AgatheDumaurier


Emballons-nous : peut-être le roman le plus fascinant et le plus beau jamais écrit, à part les Hauts de Hurlevent.
A chaque relecture, à chaque âge de la relecture, une nouvelle vision, une nouvelle histoire, de nouveaux personnages. Ils mûrissent avec nous, notre regard change sur eux.
D'abord, une histoire d'amour improbable entre une jeune fille effacée et un beau et triste lord anglais(Maxim de Winter), veuf de Rebecca, la femme parfaite, plus belle que belle, la grâce incarnée, inoubliable. Comment l'égaler ? Et sa demeure, Manderley (en réalité celle de Max de Winter), comment y vivre, l'habiter, se tenir aux mêmes endroits que la splendide et défunte Lady ? Puits de détresse sans fond où s'abîme la nouvelle épouse. Rebecca est partout, elle l'obsède, elle la hante, elle se tient à ses côté, bien plus que son propre mari bien vivant, qui, au fur et à mesure des lectures, nous paraît de plus en plus trouble, étrangement absent, lui. Et si peu de paroles échangées. Comme s'il voulait, c'est ce qui me semble à présent, maintenir sa femme-enfant dans cette soumission.
Mais il ne faut pas trop en dire pour laisser la magie faire son oeuvre... Lisez-le, c'est une des plus belles choses écrites.
Et j'ajouterai, tabou chez les snobs, que l'adaptation d'Hitchkock, à part la scène où Mrs. Danvers fait visiter à la narratrice la chambre de Rebecca, est loin d'égaler le texte. D'abord parce que l'actrice minaude trop, qu'elle est trop belle, et qu'elle a un nom, ce qui n'est pas le cas dans le livre, et qui est fondamental. Ensuite parce que l'image fixe les caractères à leur superficie, et qu'on ne retrouve pas cette profondeur du texte qui les rend évolutifs. Enfin parce qu'il nous donne à voir ce qui devrait ne relever que de l'imaginaire, Manderley, ses couloirs, son espace qui séquestre, qui se tend et se distend, la plage, le bruit de la mer, les jours sombres. Et puis certaines scènes demandent de violentes couleurs. Et puis le début mythique, si beau "j'ai rêvé cette nuit que je revenais à Manderley..." évidemment, ce n'est possible que dans un roman. Donc rendons à César ce qui lui appartient : "Rebecca", ce n'est pas Hitchkock, c'est Daphné du Maurier.
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