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Critique de Grecie


C'est amusant de trouver dans un roman de science-fiction militaire une inspiration tout droit issue d'une oeuvre fantastique du 19ème siècle. Je veux parler ici du Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde, quoiqu'on pourrait aussi penser à Faust. L'analogie est peut-être impertinente mais les trois récits mettent indubitablement en avant une dualité entre bien et mal, personnifiés par une personne unique à la Janus, dotée de deux visages. Dans l'Hérésie, l'auteur a d'ailleurs conservé et le démon, et le portrait.

Après Nurgle, brièvement évoqué dans La Fuite de l'Eisenstein, c'est Slaanesh qui entre en scène. Si vous trouviez le Seigneur de la Pestilence immonde et écoeurant, attendez d'avoir vu son acolyte divin. A vouloir pousser la recherche de sensation et l'expérimentation jusqu'en leurs ultimes limites (mais en ont-elles ?), on aboutit aux pires excès. Et c'est dans cette fange malsaine et sordide que va plonger en toute innocence Fulgrim, le primarque des Emperor's Children, dont l'antienne est le culte de la perfection. Pauvre surhomme, personne ne lui a donc dit que celle-ci n'était pas de ce monde ? Quand les guerriers plus sages et plus avisés recherchent l'excellence, Fulgrim épuise ses nerfs et corrompt son âme dans une quête impossible.

C'est presque trop facile. La pente était certes glissante mais on a l'impression d'une chute trop rapide, sans guère d'obstacle. Où sont passées la volonté et l'intelligence de ce primarque qui n'avait pourtant pas l'air d'en manquer ? du début à la fin, il se laisse embobiner et mener comme un veau à l'abattoir tandis qu'autour de lui tout se délite. Il faut comparer les Emperor's Children du début du roman avec ceux de la fin... Il y a de quoi s'arracher les cheveux de frustration.

Il est vrai que le monde de Warhammer 40K a été ainsi voulu. Un homme souillé et corrompu par le Warp ne pourra jamais s'amender et revenir vers la lumière, quels que soient ses efforts à cette fin. Pour les adeptes du libre arbitre et de la force de la volonté, la pilule est amère. Ce parti-pris scénaristique cependant est parfaitement légitime et il est traité avec une cohérence jamais prise en défaut dans tous les récits qu'on connaît de ce monde.

Ce roman qui tourne aussi sur l'art et l'inspiration recèle quelques réflexions intéressantes. le contraste saisissant entre Serena d'Angelus et Ostian Delafour ne condamne heureusement pas celui-ci comme une source inévitable de luxure et de déchéance.
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