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Critique de BazaR


BazaR
08 décembre 2021
Depuis que j'ai découvert Prosper Mérimée, je me prends à apprécier à l'avance le moment où je vais le retrouver (presque une déclaration ça). Un de ses atouts est qu'il propose de ces textes courts dont je suis friand.

Dans La double méprise, l'auteur marche un peu sur les plates bandes de Jane Austen, en plus corrosif. Il entre dans la bonne société parisienne de la monarchie de Juillet, très policée dans les manières et les propos et pourtant très égoïste et cruelle.
Le récit tourne autour du couple Chaverny. Alors que monsieur était, avant le mariage, un prétendant des plus séduisant et attentif, il a changé de visage une fois marié. Grossi, grossier, regardant son épouse avec une indifférence mâtinée rarement d'envies lubriques à son égard, évidemment pourvu en maîtresses et cherchant un poste à la cour. Il dégoute Julie, l'épouse, qui regrette tant d'être tombée dans ses rais.
Mais voilà qu'une ancienne et galante connaissance, Darcy, revient de Constantinople où il était attaché d'ambassade. Il ne faut pas longtemps avant que les sentiments interdits reviennent assaillir la jeune femme. Mais les apparences sont trompeuses.

Mérimée décrit à merveilles les pensées qui traversent ces esprits, comment elles s'agencent et s'opposent. En changeant de point de vue entre deux paragraphes, l'auteur affiche des contrastes saisissants entre ces esprits. On y retrouve aussi le désavantage d'être une femme à cette époque. Les hommes y pensent avec liberté vis-à-vis des lois écrites et morales. La femme, elle, ne peut se permettre de céder aux tentations, car le scandale et la déchéance sociale en sont les récompenses. Julie est tiraillée et c'est délicieux à lire (cruel, je suis). Elle ne peut même pas envisager de casser ces règles sociales qui enchainent la femme bourgeoise dans un carcan. Elle n'est clairement pas Ada Lovelace ou Florence Nightingale.

La précipitation et la dimension dramatique de la fin, qui arrive aussi vite qu'une falaise à pic, m'ont surpris et déçu. L'histoire aurait mérité quelques pages de plus.
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