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Critique de jvermeer


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Au Louvre, les visiteurs adorent la bonhommie souriante des toiles de Jordaens ! Je tiens dans les mains l'un de mes plus beaux catalogues d'exposition.

La France n'a pas mégoté en 2014 : elle possédait dans ses musées de nombreuses toiles du maître qui n'avait jamais connu de grande rétrospective de son oeuvre à Paris et en France. Il lui était donc facile de rendre à Jacques Jordaens la place qui lui revenait parmi les célébrités de la peinture flamande du 17e. Plus de 120 oeuvres venues du monde entier étaient donc présentes au Petit Palais à Paris.

Parmi les trois grands peintres anversois du 17e siècle, Rubens serait-il le génie, van Dyck le surdoué, mort jeune en pleine gloire, et Jordaens un homme simple, bon vivant, jouisseur volontiers vulgaire dans ses représentations de banquets de famille ? L'exposition nous permet de nous faire une opinion visuelle.
Le peintre voyagea peu. Il ne quitta que rarement Anvers et ne fit jamais le voyage en Italie que se devaient de faire la plupart des artistes de l'époque. Il étudia néanmoins la peinture italienne et Caravage.
Tout en poursuivant une activité indépendante, il fut le principal collaborateur de Rubens avec qui il réalisa de nombreux grands travaux décoratifs. Après le décès de ce dernier en 1640, il se trouva à la tête du plus grand atelier de peinture d'Anvers.

Jordaens excelle dans tous les types de peinture de cette époque : histoire, mythologie, paysage, nature morte, peinture de genre.

« La famille du peintre, 1622 » : Il s'agit du chef-d'oeuvre que le catalogue de l'exposition montre en couverture. Venant d'être désigné à 28 ans doyen de la guilde de Saint-Luc, Jordaens ne dédaigne pas de se représenter en peintre dans un grand portrait en pied de lui-même tenant un luth, au côté de sa femme Catharina, sa fille Élisabeth et une servante.

« L'Adoration des bergers, 1617 » : Converti au calvinisme, Jordaens travaille constamment, jusqu'à la fin de sa vie pour l'église. Il n'a que 23 ans lorsqu'il peint cette « Adoration des bergers » dans laquelle le traitement des personnages et des carnations sont fortement inspirés d'exemples rubéniens : dans les demi-teintes, les nuances gris bleuté du visage de la Vierge contrastent avec l'ambiance rouge orangé environnante, lui donnant vie. Superbe !

« Cinq études de vache, 1620 » : Étonnement, je reconnais les vaches qui inspirèrent Vincent van Gogh qui en peindra une interprétation personnelle l'année de sa mort en 1890 à Auvers-sur-Oise. Jordaens a croqué « sur le vif » ces vaches. Parmi les oeuvres mythologiques ou bibliques, les animaux tiennent un rôle important.

L'artiste se régale à peindre des scènes de festivités qu'il multiplie en grand nombre.
« le roi boit !1640 » : Difficile d'imaginer une fête de l'Épiphanie plus assourdissante ! Dans le cartouche du fond est marqué : « In een vry gelach ist goet gast syn », c'est-à-dire « Où la boisson est gratuite, il fait bon être invité ». Ils sont tous à moitié ivres. Lorsque le roi au centre lève son verre, la compagnie l'imite en criant « le roi boit ! ». Cette version est particulièrement triviale : une femme essuie les fesses de son enfant ; Jordaens, au premier plan, se caricature sous les traits déformés d'un convive vomissant. La galette ne semble pas encore entamée, comment seront les invités à la fin de la fête ?
https://www.wikiart.org/fr/jacob-jordaens/king-drinks-1640

« Les jeunes piaillent comme chantent les vieux, 1645 » : Ce thème, comme celui du « Roi boit », est souvent représenté dans les toiles flamandes ou hollandaises. Des jeunes et des vieux festoient en chantant. Ce genre de tableau pouvait avoir plusieurs significations, dont celle-ci s'apparentant aux vanités présentes dans de nombreuses toiles de l'époque : « La vie est transitoire et les générations se succèdent sans parvenir à tirer les enseignements de celles qui les ont précédées ».

Ma toile de coeur : « Servante avec une corbeille de fruits et un couple d'amoureux, 1630 » : La servante portant une corbeille de fruits, installée devant un miroir reflétant un couple amoureux, nous regarde avec un sourire entendu. Elle semble située dans le même espace que les deux amants. Serait-ce les deux mêmes femmes se faisant face, l'une dans la réalité, l'autre dans un monde féerique ?
https://www.wikiart.org/fr/jacob-jordaens/servant-with-a-fruit-basket-and-a-pair-of-lovers


En 1953, le Conservateur en Chef des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique écrivit : « Jordaens concrétise véritablement le sain équilibre, l'activité inlassable de la classe bourgeoise flamande de son temps. Il en gardera d'ailleurs toujours la mentalité un peu terre à terre. »

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Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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