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Critique de domi_troizarsouilles


Encore un livre qui n'était pas prévu dans ma liste à lire du mois… mais qui m'a attiré l'oeil lors d'une visite du catalogue de ma bibliothèque, et paf j'ai craqué ! Ce n'est pas comme si j'avais une PAL de la mort qui tue, et des listes à lire mensuelles que je ne termine jamais; et puis, pour simplifier les choses, les livres empruntés ont une durée de vie (sur mon appareil) limitée, donc il fallait que je le lise rapidement !

Sur cette petite introduction, une autre précision est peut-être utile. J'ai lu quelques commentaires de-ci de-là sur ce livre, et vu ainsi que beaucoup le comparent (souvent à son désavantage) aux histoires des héros Marvel, et notamment au film X-Men… Alors disons-le de suite, au risque de passer pour une inculte : les héros Marvel, j'en sais – vaguement - ce que me raconte mon petit de 8 ans, mais je l'écoute en bonne mère à moitié indigne, c'est-à-dire d'une seule oreille, car on ne peut pas dire que ça me passionne !. Quant à X-Men, je me rappelle avoir tenté de regarder le film lorsqu'il est passé à la télé il y a quelques mois : au bout de 10-15 minutes j'en avais marre et j'ai changé de programme. En fait, côté super-héros, j'en suis restée à Goldorak, Spiderman ancienne version, et l'indétrônable Zorro (même si c'est dans un tout autre genre). Tout ça pour dire que j'ai entamé ce livre avec un esprit tout à fait neutre et sans aucune influence… et j'ai beaucoup aimé !

Certes, le schéma de base n'est pas révolutionnaire, il est même plus que téléphoné, avec l'éternel combat entre le Bien et le Mal, où les super-vilains sont très méchants malgré un petit côté humain qui émeut un peu, tandis que les super-héros sont géniaux malgré leurs limites qui semblent s'accentuer.
Ce qui rend ce livre assez intéressant, c'est que ce combat manichéen tellement traditionnel touche à des notions de société plus délicates qu'une simple dichotomie, où il suffirait d'effacer les méchants pour que tout aille bien. Car ici, les super-vilains Anarchistes ont d'abord éradiqué ceux qui ne cherchaient que le mal, et ainsi ils ont semé chaos et destruction, mais on entend que, dans le fond, ils rêvent d'une société où il n'y aurait pas de structure dominante, mais des citoyens capables de vivre ensemble en s'autogérant, libres et intelligents – en fait on ne devrait pas les appeler Anarchistes, mais Utopistes ! Et face à eux, on a les super-héros Renégats – un nom bien ambigu lui aussi, soit dit en passant, car si on s'en tient à la définition du wiktionnaire, qui est aussi celle que j'avais en tête sans pouvoir l'exprimer aussi clairement, un renégat est quand même celui qui a renié ses convictions, ses engagements, trahi son propre camp. Cela n'a pas beaucoup de sens ! sauf si on le prend dans le sens où ces super-héros ont recréé un certain monde après avoir vaincu (mais pas tout à fait anéanti) les Anarchistes, un monde différent de ce que tout le monde avait connu avant et dont il reste des bribes ici ou là, un monde où ils étaient haïs ou craints pour leurs prodiges, alors qu'ils sont maintenant à la tête de tout. Et c'est bien là que le bât blesse, et la question est posée quelquefois dans le livre l'air de rien : un super-héros est-il capable de devenir un dirigeant politique (au sens noble du terme, s'il existe encore) valable ?
Pour moi, la réponse est non, l'Histoire l'a montré avec quelques exemples… Je pense notamment à Lech Walesa en Pologne dans les années 1980. Instigateur du très connu (à l'époque) mouvement Solidarnosc (Solidarité, en français), qui a fait trembler et finalement vaciller le système communiste polonais vassal de l'URSS, il a ensuite été élu …et a fait un président aussi bref que controversé. Et il y a sans doute plusieurs autres exemples, je ne sais pas pourquoi c'est celui-là qui me vient en premier à l'esprit.

Et bien sûr, par-dessus tout ça, on a une jolie et gentille romance qui se crée peu à peu, et qui va parfois (souvent même) à reculons, mais qui reste toute douce car elle ce goût de nos premières amours adolescentes, tellement intenses mais déstabilisantes sur le coup, et qui laissent un petit souvenir sucré quelques années plus tard. C'est pourtant une romance à la Roméo et Juliette : Nova, liée aux Anarchistes par son histoire, désire se venger des Renégats qui, malgré leurs promesses, n'ont pas été là pour sa famille quand elle aurait eu besoin d'eux. Afin de mieux comprendre l'organisation des Renégats et ainsi pouvoir un jour les vaincre, elle passe une épreuve d'entrée pour pouvoir se joindre à eux… en infiltration bien sûr ! C'est là qu'elle rencontre Adrian, le fils adoptif des deux super-héros les plus adulés, plus puissant qu'il n'y paraît, et fermement convaincu de sa mission d'éradiquer les derniers Anarchistes pour le bien du monde…

A nouveau, tout cela peut paraître très manichéen, voire simpliste. Alors il faut aussi souligner l'écriture enjouée et rythmée, avec juste ce qu'il faut de tension pour qu'on ne s'ennuie jamais, mais aussi une certaine dose d'un humour proche de la dérision et attendrissant. Les deux personnages principaux sont bien fouillés, et aucun n'apparaît tout à fait « cliché », alors que c'était un grand risque ! Nova est toute en contradictions, surtout lorsqu'il s'agit de tuer ; c'est une jeune femme forte et fragile à la fois, super-entraînée et pleine d'ingéniosité, mais très souvent dans le doute, et toujours déchirée entre son désir de vengeance et sa découverte de facettes inconnues du camp adverse. Adrian quant à lui est carrément lumineux, l'autrice le souligne d'ailleurs plus d'une fois ; il est la publicité vivante pour les bonnes actions des Renégats… mais fermement décidé à supprimer jusqu'au dernier super-vilain, tout en s'émancipant de ses pères adoptifs qu'il adore, mais dont il voudrait obtenir une vraie reconnaissance, et pas seulement l'amour inconditionnel qu'ils lui portent.
Les personnages secondaires sont quant à eux moins approfondis, mais suffisamment bien campés pour qu'on les distingue aisément, et quand l'un ou l'autre est davantage mis en lumière, alors on fait peu à peu sa connaissance de manière plus fouillée. Mention pour le jeune et intriguant Max, pour qui j'ai eu un réel petit coup de coeur !

Bref, c'est une lecture avec quelques scènes à la limite du frisson (surtout pour les plus jeunes lecteurs), d'ailleurs on l'entame par une scène très dure, mais de façon générale c'est plein de bons sentiments (même chez les super-vilains), et franchement, pour le peu que je connais à cette littérature SFFF destinée à la « jeunesse », j'ai l'impression que c'est un petit ovni, car il est plein de tendresse cachée au tournant de chaque page, alors que tant d'autres du genre ont quand même tendance à être parfois bien plus glauques. de plus, comme je le relevais plus haut, il est aussi porteur d'un message sociétal pas si anodin que ça, à lire à un 2nd niveau alors, qui s'adresse autant aux jeunes qui se posent des questions, qu'à n'importe quel adulte qui aurait ce livre entre les mains.
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