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Critique de Presence


Cette histoire se déroule juste après Champ de bataille et ce tome comprend les 5 épisodes de la minisérie du même nom, ainsi que 8 pages du prologue paru à l'occasion du Free Comic Book Day. Il s'agit du premier tome d'une trilogie intitulée "Scorched Earth" en VO, complétée par La Déesse Noire et "War on Frogs".

Dans le prologue, Abe Sapien fait le point sur la situation avec les troupes (un membre du BPRD perdu dans les neiges autour de leur base du Colorado) ; Johann Kraus contemple ce qui lui a servi de corps ; Kate Corrigan s'inquiète de la disparition d'un couteau aux propriétés magiques.

Abe Sapien prend la tête du groupe fouillant les pentes enneigées alentour pour retrouver le disparu. Johann Kraus s'est lancé dans des recherches personnelles sur les documents retrouvés dans la base. Liz Sherman organise une séance de spiritisme avec Kraus, Panya et Kate Corrigan pour invoquer l'esprit de Lobster Johnson qui semble en savoir long sur Memnan Saa (le personnage asiatique qui s'invite régulièrement dans l'esprit de Liz). Par un autre biais, l'équipe du BPRD localise enfin la base de Memnan Saa, mais l'expédition est un désastre. Seul point positif : Saa leur donne les moyens de savoir où se produira la prochaine apparition des grenouilles : Munich (la ville natale de Kraus).

Dans la page de texte final, John Arcudi explique qu'avec ce tome, les aventures du BPRD prennent une dimension plus globale. Arcudi et Mignola relient entre eux plusieurs éléments présents depuis longtemps dans cette série : les grenouilles bien sûr, mais aussi La Flamme Noire, une race souterraine (Au creux de la terre et autres histoires), Lobster Johnson (avec des éléments repris de "Prométhée de fer"), et même un individu croisé dans Witchfinder. La première partie est magnifique comme d'habitude : le dosage entre les moments consacrés aux individus, ceux consacrés aux manigances, ceux consacrés aux monstres et aux combats est parfait. Johann Kraus est indéchiffrable, Liz est résolue mais toujours fragile, Kate n'a rien perdu de son caractère, Abe a pris la dimension de sa fonction de chef de terrain. Et puis Panya ne reste pas un simple cliché : elle a une vraie personnalité charmante et des souvenirs liés aux phénomènes paranormaux du dix-neuvième siècle. À mon goût, la deuxième partie souffre un peu de sa nature : le BPRD est au milieu d'un affrontement provoquant des destructions massives. du coup le grand spectacle prend le pas sur la dimension humaine et les personnages ont un peu moins de place pour exister.

Pour ce tome, le style de Guy Davis a encore un peu évolué en ce qui concerne le rendu des visages. Son parti pris graphique s'est encore radicalisé pour les expressions faciales, et je trouve qu'il a un peu perdu en finesse. La contrepartie est que les monstres deviennent de plus en plus étrangers à l'humanité. Pour le reste, le lecteur retrouve tout ce qui rend les pages de Guy Davis si captivantes. Les scènes d'intérieur bénéficient de décors uniques, intelligents et parlants. Par exemple, l'équipe du BPRD est amenée à se rendre sur le site d'un gros chantier. Guy Davis ne se contente pas de mettre plein de boue partout avec de vagues engins de chantier pour faire genre. Il a également inclus les treillis métalliques pour armer le béton, ainsi que les étais pour les excavations. Lors de la visite d'un modeste pavillon allemand, il suffit au lecteur d'examiner l'ameublement pour savoir quel genre de personne habitait là. le passage dans la jungle évoque avec conviction les temples d'Angkor Vat. Et les monstres ont encore gagné en horreur. Il suffit d'un cadavre d'animal égorgé dans la neige pour que l'horreur et l'angoisse s'invite dans le récit. Et comme d'habitude, il sait tout dessiner : les scènes de destruction massive en milieu urbain, les monstres préhistoriques, les créatures dégénérées et abâtardies, les robots géants, etc. Parmi les personnages, il faut aussi mentionner le travail impressionnant effectué sur l'apparence d'Abe Sapien dont le simple langage corporel suffit à rappeler son histoire compliquée. L'apparence de Memnan Saa permet de faire comprendre visuellement au lecteur que sa véritable nature dément ses propos rassurants. Et puis Davis s'autorise quelques touches humoristiques telles que la tenue de Johann Kraus, avec son rabat sur le postérieur qui évoque des sous-vêtements masculins d'un autre âge (avec un rabat pour aller au toilettes). Et comme d'habitude, la mise en couleurs de Dave Stewart est un ravissement enchanteur.

Avec ce tome, Arcudi, Mignola et Davis ont choisi d'emmener le BPRD dans une aventure aux conséquences planétaires. le savoir faire de ces 3 créateurs aboutit à un récit haletant dans lequel le grand spectacle phagocyte une partie du récit. D'un autre coté, le lecteur assiste à l'agrégation de plusieurs composantes narratives au sein d'une continuité déjà très riche, avec de nombreux clins d'oeil aux tomes précédents dont certains irrésistibles (Andrew Devon hésitant à entrer dans une cabine téléphonique après ce qui lui est arrivé dans La machine universelle).
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