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Critique de Pavlik


La bd de super-héros n'est pas seulement le genre dominant la production américaine : c'est aussi un type d'histoire qui se prête particulièrement bien à l'allégorie politique. En fait, les comics de chaque époque en offre un instantané pour qui sait les déchiffrer, depuis Captain America durant la seconde guerre mondiale jusqu'à Batman combattant Al-Quaida et les bd patriotiques post 11 septembre.

A ce titre, le crossover "Civil War", initialement paru en 2007, en sept épisodes, avant d'être publié en recueil, est un exemple parlant. Pour moi, c'est tout simplement le meilleur crossover Marvel de ces 10 dernières années. Aussi bien abouti dans la forme que sur le fond, il s'ancre parfaitement dans la société américaine post 11 septembre et en propose un commentaire saisissant.

Suite à un accident survenu lors du tournage d'une émission de télé-réalité, mettant en scène des héros de seconde zone, plusieurs centaines d'enfants meurent, dans une explosion. L'émotion submerge le pays et le débat sur la dangerosité des super-héros ne tardent pas à s'imposer, dans une sorte de logique d'évaluation bénéfices-risques de leurs actions. Rapidement, l'idée d'encadrer leur activité par une loi de recensement, leur imposant de révéler leur identité et les transformant, de facto, en fonctionnaires du gouvernement fédéral, domine le débat, idée largement soutenue par l'opinion publique. Mais au sein de la communauté super-héroïque elle divise, à tel point que deux camp se forment : l'un, pour la loi, est mené par Iron Man, l'autre, opposé, par Captain America. Très vite, les choses s'enveniment et une véritable guerre civile commence...

Si la société américaine a facilement accepté le "patriot act", suite aux attentats du 11 septembre 2001, réponse ultra sécuritaire et liberticide du gouvernement fédéral, les choses ont quelque peu changé en 2007 et des voix s'élèvent contre cette loi. Ce débat semble avoir grandement inspiré le scénariste Mark Millar. A l'évidence il retranscrit les deux points de vue dans son récit et, même s'il essaye de les traiter de manière équitable, on devine sans peine de quel côté il penche. Néanmoins l'effort d'objectivité est louable et n'en donne que plus de force et de crédibilité au récit. Il y a donc une dimension politique indéniable dans ce crossover, ce qui n'est pas souvent aussi ouvertement le cas.

Mais au delà du fond, "Civil War" est également une totale réussite formelle : l'incident (le tournage qui tourne mal d'une émission de télé-réalité) à l'origine du conflit, le prétexte pour mobiliser la plus grande partie des héros Marvel, le choix des leaders des deux camps, à contre emploi sans l'être tout à fait (un Cap qui s'oppose aux institutions du pays MAIS qui défend le peuple et une vision non interventionniste de l'état fédéral et un Tony Stark qui sort de son rôle de pseudo milliardaire "bobo démocrate" flambeur pour incarner ce qu'il doit être, selon toute logique : un conservateur) jusqu'au dessin de Steve McNiven (très réalistes et soignés) et au séquençage des épisodes et leurs cliffhangers judicieusement choisis, tout y est brillant. Même l'événement, qui pourrait sembler être uniquement un argument marketing (Spider Man qui dévoile son identité) s'intègre parfaitement et n'apparaît absolument pas comme artificiel.

En bref, ce crossover est un must et peut-être lu aussi bien par les fans de Marvel que par les néophytes en la matière, tant la puissance du thème et son traitement sont évocateurs et universels.
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