La Voix d'alto

Si les références à la musique classique dans un roman me font souvent aborder un roman de manière bienveillante, encore faut-il que ce soit justifié dans le cadre de la construction de l'ouvrage et pas un simple prétexte à la récitation d'une culture musicologique gratuite et vaniteuse. le choix du répertoire de la musique de chambre pour alto apparaît judicieux, cet instrument trop souvent négligé, ignoré, si discret dans son lyrisme mélancolique s'accordant bien avec la nature introvertie et taiseuse du narrateur pour ce qui est de l'expression des sentiments. L'exposé de ses oeuvres vient rythmer et colorer cette relation amoureuse pour le moins paradoxale entre deux êtres solitaires, ayant des difficultés à trouver leur place dans la société et dans leur famille, chacun sur une rive de l'Atlantique. le catalogue exhaustif du répertoire chambriste pour alto peut parfois être systématique mais le style de l'auteur, qui sera d'ailleurs un temps directeur de la Revue littéraire, ce style fait de longues phrases sinueuses et envoûtantes est un parfait contrepoint à l'incommunicabilité entre les deux héros du roman. Au final, cette voix d'alto, si souvent en retrait en général, vient au devant de la scène pour une fois et teinter d'une tendre tristesse cette histoire d'amour qui se cache dans le silence de la parole.