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Critique de Biblioroz


En 1996, les larmes versées par Anchee Min à la fin de sa lecture de la Terre chinoise sont à l'origine de ce roman dédié à Pearl Buck. Sa culpabilité l'a submergée au souvenir de son aveuglement, de son endoctrinement passif, qui l'avaient conduite, une bonne vingtaine d'années plus tôt, à dénigrer cette grande romancière américaine et à obéir aux ordres de madame Mao pour lui refuser la possibilité de revenir en visite sur le sol chinois.

J'aime les écrits de Pearl Buck. Elle s'est attachée à montrer la vie, au plus près du peuple chinois, avec toute l'exactitude que lui conféraient ses nombreuses années passées en Chine.
Même si Perle de Chine est romancé, il s'appuie sur des personnages et des contextes historiques et politiques véridiques.

C'est avec la voix de Saule, petite chinoise de neuf ans, qui deviendra une amie intime de Perle, que l'auteure nous emmène à Chinkiang, petite ville au bord du Yangtsé. Saule vole pour se nourrir, et avec son père, se rapproche d'un missionnaire presbytérien américain, Absalom, chez qui ils peuvent voler et manger de bons gâteaux. Brandissant sa Bible, pris pour un fou inoffensif, le prédicateur prend à coeur de sauver les âmes chinoises et y consacre tout son temps, délaissant sa femme et ses deux filles. L'une d'entre elles, Perle, observe derrière ses livres les larcins de Saule. Une admirable amitié naîtra, envers et contre tout.
Perle parle, mange, s'habille en chinoise et dissimule ses boucles blondes derrière un bonnet en tricot noir pour parfaire son appartenance à ce pays.

Avec une narration où phrases simples et dialogues s'enchaînent facilement, culture, appartenance et esprit chinois se mêlent aux évènements et bouleversements politiques de ce vaste pays.
Exil forcé suite aux massacres des étrangers perpétrés par les Boxers, guerre sino-japonaise facilitée par une guerre civile entre nationalistes et communistes, avènement du communisme avec Mao… le chemin de ces deux fillettes, devenues femmes, est riche en évènements et offre une histoire prenante et fascinante.

Perle, dénigrée par son mari et fragilisée par le handicap mental de sa fille unique, s'évade avec des personnages romanesques et désire donner la véritable image de la Chine. Sa littérature, au plus proche de cette population est emplie d'humanité et dévoile tout son amour du peuple chinois.

On assiste également à l'évolution du père de Saule nommé diacre auprès du missionnaire. De profiteur, il devient un fidèle et fervent défenseur du christianisme. C'est un personnage haut en couleur auquel on s'attache inévitablement. Aidé du charpentier Chan, il conjugue avec humour croyances chinoises et le Dieu étranger en érigeant une statut de Jésus avec un ventre de Bouddha, stipulant que les chinois ne peuvent vénérer des maigres !

Parsemé de poèmes, enrichi des traditions chinoises et se clôturant par un émouvant recueillement sur la tombe de Pearl Buck, ce roman est un très bel hommage à cette admirable romancière récompensée par le prix Nobel de littérature en 1938. Il met en lumière son émouvant amour pour la Chine, bousculé cruellement et injustement par un régime communiste abusif.
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