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Critique de kuroineko


Dernier né des éditions Atelier Akatombo, Expiations, de la Japonaise Minato Kanae, s'avère être un roman noir très prenant.

Cinq parties plus une conclusion. Cinq voix différentes pour revenir sur le meurtre horrible de la petite Emiri, dix ans. Elle jouait alors avec quatre copines qui toutes ont vu le coupable qui entraîna l'enfant sous un fallacieux prétexte. le problème est que ces trop jeunes témoins n'arrivent plus à se souvenir distinctement des traits de l'homme. Est-il vieux? Est-il jeune? Mais quand on a dix ans, une personne de trente ou cinquante ans, cest kif-kif : un vieux.

Le coupable n'est pas appréhendé et, durant quinze ans, ces gamines, puis adolescentes puis jeunes femmes, vivent avec le poids de ce souvenir amarré à leur âme, les empêchant d'avancer librement. Et la vie ne va pas non plus se gêner pour y rajouter son grain de sel.

J'ai trouvé dans ce roman que certains faits, certains enchaînements étaient excessifs, la ficelle trop grosse. Pourtant, je n'ai pas pu le lâcher une fois commencé. En effet, l'aspect psychologique de ce traumatisme à un âge si tendre et l'évolution impactée des quatre anciennes copines forment l'atout fondamental du récit.
On y découvre aussi des relations parentales souvent dures. Comme cette mère qui bat sa fille parce qu'elle s'est réfugiée sous sa couette après avoir découvert le corps de sa copine. Ou ces parents qui se moquent du chemisier mignon qu'une tante a offert à leur fille parce que celle-ci a plus une carrure masculine que féminine et n'est pas jolie.
Je pourrais me dire que c'est une invention de l'auteure, une exagération narrative. Il y a sans doute de cela mais pas seulement. Force est de constater dans d'autres romans et - plus probant - dans plusieurs essais sociologiques sur la famille japonaise que les parents ne sont pas toujours tendres avec leur progéniture, surtout quand elle ne rentre pas dans le moule, physiquement ou mentalement. Et je repense à la mère de l'auteure de Tchikan : quand l'enfant, attouchée par un pervers dans le métro, vient lui en parler, celle-ci lui reproche d'avoir dû faire des coquetteries. Pour instaurer la communication en toute confiance, on repassera.

Bref, tout ça pour dire que Expiations prend tout son sens au fil des pages. C'est noir, passionnant, dérangeant et doté d'un contexte très intéressant. Encore une fois, merci à Dominique et Franck Sylvain pour leur travail de traduction et d'édition. Vive la Libellule rouge!
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