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Critique de Osmanthe


Un grand plaisir de lecture avec ce roman de Mishima.

L'histoire est assez simple et classique. L'action se déroule essentiellement dans les superbes paysages côtiers du golfe d'Ise, au Japon bien sûr. Le jeune Shinji est marin-pêcheur comme son père défunt, fauché atrocement en plein travail à la fin de la seconde guerre mondiale. Il vit pauvrement avec sa mère, qui comme toutes les femmes du village plongent pour récolter des coquillages, et son frère cadet Hiroshi, qui partira en voyage scolaire à la découverte de Tokyo.
Un jour il aperçoit en bord de mer une belle jeune fille. Il en tombe immédiatement amoureux. La recroisant par hasard, l'attirance va vite s'avérer réciproque.
Mais la jolie Hatsue est la fille du plus puissant et riche notable du village, Terukichi, qui entend la marier avec un jeune homme un peu plus âgé mais prétentieux, Yasuo, qu'elle n'aime pas.
Quant à Shinji, la discrète et complexée Chiyoko, qui se trouve laide, l'aime en secret.
Les vents semblent décidément contraires, et les obstacles nombreux, face à toutes ces personnes qui ont intérêt à faire avorter cette prometteuse histoire naissante entre ces deux beaux adolescents.

Sans dévoiler la fin, on pourra regretter un petit manque d'originalité, et assurément un assez étonnant angélisme chez Mishima, surtout quand on a lu son autre roman à l'atmosphère marine, "Le marin rejeté par la mer", d'une noirceur glaçante et magistral par la maîtrise et le déroulé de son scénario implacable.

Mais c'est aussi pour cela que "Le tumulte des flots" m'a plu. Tout est comme purifié dans ce roman, comme si le couple amoureux avait le pouvoir de désarmer les ragots et les intentions initialement hostiles de leurs concurrents jaloux. Les coeurs et les âmes sont belles, les vaincus s'inclinent avec honneur, et l'amour embellit encore et donne confiance aux jeunes amants...qui d'ailleurs prennent soin de ne pas consommer.
On dirait que l'auteur a eu la volonté de mettre cette pureté, cette morale, cette justice en avant, et quelque part ça fait du bien de trouver ces belles valeurs au coeur de l'été dans l'ambiance actuelle.

Pour finir, comment ne pas louer Mishima pour la finesse de son écriture, notamment dans sa description des paysages et climats côtiers. Il maîtrise parfaitement cet environnement : le phare est un élément central, un point de ralliement. Le bateau de pêche lui-même est presque un héros. Les rochers, les vagues... Les poissons, les coquillages rapportés par Shinji...Les Dieux protecteurs des tourtereaux sont forcément ceux de la nature ! Mishima excelle aussi dans son évocation toujours précise et instructive de la vie humble de ces insulaires : le soleil, le vent chargé de sel qui cuisent les peaux de ces courageux travailleurs de la mer...

Ces paysages, ces visages, ces lumières, n'ont cessé de traverser mon esprit pendant cette lecture. Un délice.



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