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Critique de Lamifranz


A mon arrivée à Paris (fin 1974), j'ai fait comme tout le monde, j'ai cédé à mes vices les plus secrets, et comme tout le monde, je me suis rué sur ces lieux de perdition que sont les librairies, les théâtres et les cinémas. C'est ainsi que j'ai vu, au cinéma, deux magnifiques films suédois de Jan Troell, Les Emigrants et sa suite le Nouveau monde. Les rôles principaux étaient tenus - magistralement, mais faut-il le préciser de la part de ces acteurs - par Max von Sydow et Liv Ullman.
C'est bien des années plus tard que, trouvant le livre dans une librairie, j'ai fait le rapprochement avec les films. J'ai acheté en bloc les cinq volumes (en Livre de Poche), en espérant y retrouver un peu l'atmosphère (pourtant pesante et pas folichonne) des films.
Je n'ai pas été déçu, bien au contraire. C'était clairement la même histoire, en moins condensé, bien sûr, mais j'y retrouvais ces personnages inoubliables qui m'avaient marqué : Karl-Oskar et Kristina, Robert et Arvid, Danjel et Ulrika, et tous les autres. Pour l'ambiance, j'étais servi, l'auteur nous fait toucher du doigt, avec beaucoup de vérité et d'émotion, la misère qui pousse ces braves gens du Smâland (sud-est de la Suède) à émigrer vers ce miroir aux alouettes qu'est l'Amérique. Misère qui les poursuit sur la Charlotta, le navire pathétique qui fait la traversée de l'Atlantique dans des conditions épouvantables.
Une fois en Amérique, ce n'est plus le même genre de misère, c'est la lutte pour la survie dans un monde hostile, où il faut s'adapter à tout, à la langue, au pays, au climat, aux habitants (et parmi ceux-ci les Américains déjà en place, les autres émigrants et ces sauvages à la peau cuivrée couverts de peintures bariolées). La petite communauté suédoise prend racine dans l'état du Minnesota, avec toutes les complications externes et internes que cette installation peut générer. Robert et Arvid, les yeux pleins de paillettes, partent chercher de l'or... Robert revient seul, désabusé. D'autres épreuves les attendent, la guerre civile, les révoltes indiennes, et les épreuves passées, ils s'aperçoivent qu'ils sont devenus Américains.
Comprenez-moi bien, quand je dis que l'auteur décrit la misère, il n'est pas misérabiliste pour autant. Au contraire, c'est pour mieux faire ressortir la force d'âme, le courage et la volonté d'aller en avant de ces hommes et de ces femmes hors du commun, et en même temps si pareils à nous dans leurs défauts, leur aveuglement, et leurs errements...
La Saga des émigrants est à la fois un roman d'Histoire, et un roman d'aventure, entendons-nous bien d'aventure humaine, à l'échelle d'un peuple.
Si vous aimez la rigolade, ce n'est certes pas le bouquin qu'il faut choisir. Mais si vous voulez vivre une grande aventure, et vibrer en même temps avec ces personnages si attachants, n'hésitez pas. Je vous promets une lecture passionnante et profondément émouvante.


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