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Critique de Calimero29


Raphaëlle, condamnée à perpétuité pour avoir tué son bébé dix ans auparavant, alors qu'elle était la maman aimante de deux autres enfants, demande à rencontrer Salomé, mariée, maman d'un bébé de 13 mois, écrivaine dont le premier roman feel-good a été un succès. Raphaëlle lui demande d'écrire son histoire afin que sa parole, et pas uniquement celle de la justice et des médias soit entendue.
Ce roman, c'est la rencontre de deux femmes, de deux mères, l'une infanticide, l'autre maman comblée, qui n'aurait jamais dû se rencontrer et qui vont devoir s'apprivoiser. Un lien inattendu et profond va se nouer entre elles. Salomé est touchée par cette femme rongée par la culpabilité, la douleur et comprend que la frontière entre elles deux est finalement assez ténue, que ce sont les circonstances qui peuvent faire pencher d'un côté ou de l'autre. Raphaêlle s'est enfoncée dans une dépression post-partum qui a amplifié les fragilités jusqu'à la submerger, de celle qui fut une petite fille en manque d'amour maternel, qui a subi les attouchements de son beau-père à l'âge de 12 ans, qui devient orpheline de père à 14 ans, à laquelle on a enlevé ses deux aînés, confiés à une famille d'accueil car elle n'arrive plus à s'en occuper, dont le mari est alcoolique, démissionnaire et qui l'abandonne quelques jours avant le drame. Personne n'a entendu son extrême détresse, sa solitude; personne vers qui se tourner pour chercher de l'aide jusqu'à ne plus voir d'autre issue que la mort pour protéger son bébé. le roman pose une question embarrassante : pourquoi en cas d'infanticide et face à la démission, l'absence du père, seule la mère est jugée?
Le roman développe également un autre thème important : la réinsertion de prisonnier(e)s ayant purgé une longue peine, qui se sentent d'une certaine façon à l'abri en prison, qui ne sont pas préparés à affronter ni la vie dehors, ni le regard et le jugement des autres. C'est un plaidoyer pour une prise en compte sérieuse et globale de cet après, essentiel pour réduire les récidives et éviter les suicides.
Le style elliptique, qui ne montre pas mais laisse à ressentir, l'expression de la douleur de Raphaëlle, rendent ce texte particulièrement poignant. Une très belle découverte.
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