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Critique de BMR


BMR
07 octobre 2013
Non, Magnus Montelius n'est pas un obscur auteur latin de l'époque romaine mais un écrivain suédois contemporain. Expert en environnement, il a vécu dans les Balkans et dans les pays de l'Est avant de s'essayer aux nouvelles et enfin ici, un premier roman : Des illusions.
Le titre original est : L'homme d'Albanie, l'homme qui venait d'Albanie.
Une nuit de 1990, à Stockholm, un homme fait une chute mortelle et la police retrouve sur lui un passeport albanais. S'est-il suicidé tout seul ou l'a-t-on gentiment aidé ?
S'agit-il, comme on voudrait le faire croire, d'un albanais impatient qui n'a pas pu attendre la chute du Mur pour passer à l'ouest ?
Ou plutôt, comme il apparait rapidement, du retour d'un suédois passé à l'Est quelques vingt-cinq ans plus tôt ?
C'est un journaliste qui est aux commandes de l'enquête.
Mais on a beau être dans le milieu de la presse à Stockholm, notre enquêteur n'a rien à voir avec le beau et chic Mikael Blomkvist de Millénium. Non, Tobias Meijtens fait plutôt ici dans le style ‘en attendant mieux' : il joue les pigistes la semaine et les chauffeurs de taxi le week-end. Il parcourt les rues de Stockholm à vélo et ne se montre pas tout à fait à la hauteur des attentes de Hanna, sa petite amie.
Alors, cette affaire de l'albanais pourrait bien être le scoop de la carrière de Tobias Meijtens.
D'autant qu'une fois connue l'identité du faux albanais de 1990 et du vrai suédois disparu dans les années 60, le mystère reste encore tout entier ...
Bon gré, mal gré, Tobias Meijtens fait équipe avec Natalie, une collègue en vue du journal, une star de la télé déchue au carnet d'adresses bien rempli. Leur enquête les mènent auprès de ceux qui peuplaient les coulisses du pouvoir suédois des années 60 : certains sont toujours en poste, pas forcément du même côté de la ligne rouge qu'à l'époque. Et bientôt la Sûreté (un peu l'équivalent suédois de notre DST) s'en mêle.
Le bouquin est doublement passionnant : le contexte politique des années 60, la naissance des groupuscules gauchistes, l'isolement de l'Albanie, l'ouverture des pays de l'est vers 1990 (l'Albanie fut bon dernier), …
On pense au Mankell de L'homme inquiet ou encore à Leif GW Persson.
Et puis il y a le travail journalistique des deux héros, Meijtens et Natalie : le folklore habituel des salles de rédaction nous est épargné au profit d'un travail patient et minutieux d'enquête consistant à interroger systématiquement les anciens témoins et protagonistes de l'époque, à recouper patiemment les différentes sources avec méthode.
Ni experts scientifiques, ni profileurs, ni même 007 suédois.
Peu à peu, au fil des pages et des interrogatoires, tous ces petits à côtés qui émaillent les dialogues finissent par former une ambiance prenante et restituer le lent et délicat travail de l'interview.
Au fil des questions détournées et des réponses fuyantes, on oublie peu à peu l'enquête policière sur le suicidé albanais, on laisse filer en arrière plan le contexte socio-politique des années 60 et on se concentre sur tous ces personnages chez qui, trente ans plus tard, on vient brasser de vielles histoires … Belle et passionnante écriture que celle de Magnus Montelius dans ce roman, mi-polar, mi-espionnage, qui vaut largement le détour par Stockholm.
Il s'agit de son premier roman : reste à espérer et attendre les suivants !

Ce bouquin nous a été offert par Babelio et les éditions JC. Lattès.
Lien : http://www.bmr-mam.blogspot...
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