Difficile d'évoquer A good girl sans spoiler. Du coup, cette critique se fera en deux temps, le second sous balise, à ne lire qu'une fois que vous aurez terminé l'ouvrage!
A good girl, donc. Le type d'histoire a priori pas du tout ma came, mais que les autres book addicts de Twitter auront très bien su me vendre. Et me voilà à acheter... quoi, au juste? Le récit d'une fille parfaite (mais genre, vraiment parfaite, au point d'en être un aimant à baffes: bonne élève, serviable, généreuse, sage...) qui se laisse tenter par l'interdit, à savoir son très sexy professeur de français. Sachant que ledit prof de français n'a que 26 ans et était un ami de jeunesse de son frère, la chose n'a rien de dérangeante... a priori. Car Alex est marié, et l'affaire doit rester secrète. Seulement, petit à petit, tout dérape.
De prime abord, rien de très original donc. L'histoire nous est narrée par Riley elle-même, et le moins qu'on puisse dire, c'est que l'histoire est très, très longue à démarrer. Il faudra passer le cap des cent premières pages pour que les choses deviennent intéressantes. Mais, même à ce stade, on cherche encore le rapport avec le résumé de la 4e de couverture. Car si Riley laissait la très mauvaise impression d'une fille relativement imbue d'elle-même dans le premier chapitre, ce sentiment s'est entretemps totalement dissipé, nous laissant en tête à tête avec une lycéenne normale, voire même sympathique. On se prend au jeu, à espérer avec elle que tout se passe pour le mieux... puis, on ne sait plus. Sa relation avec Alex, certes taboue, dérange bientôt pour d'autres raisons... et l'on observe les personnages s'entre-déchirer. Sans pouvoir s'empêcher de penser que tout ceci n'est pas normal. Jusqu'à la fin.
Mais ça, c'est le premier degré de lecture.
Car, quelques pages avant la conclusion, Amanda K. Morgan nous donne enfin les moyens de comprendre toute l'affaire. Et TOUT ce que l'on vient de lire change alors de sens.
Pour la suite, ce sera sous spoiler:
[ Tout au long de l'histoire, de nombreux éléments instauraient un certain malaise vis-à-vis de Riley. Quelle élève normale irait chercher l'adresse de son prof dans le bottin pour se rendre ensuite directement chez lui? Oui, ça fait "stalker". Et là, tombe la révélation de fin, via l'un de ces fameux encarts "ce qu'il faut savoir sur Riley": à savoir que LE truc à partir duquel l'on a été persuadé qu'Alex n'était pas net, à savoir l'affaire des photos, a été monté de toutes pièces par la jeune fille. Ca, additionné à tout ce que ces fameux encarts nous ont appris sur elle au fur et à mesure - notamment ses brillantes réussites tout au long de sa vie -, nous pousse à reconsidérer d'un autre oeil tout ce que l'on a lu jusque là.
Considérant que seuls ces encarts sont dignes de confiance, on commence à tenter de décortiquer le vrai du faux, la réalité de ce que le cerveau malade de Riley a imaginé. Car c'est écrit noir sur blanc: elle n'a jamais suivi de thérapie régulière. Dès lors, le début de la bluette entre elle et son prof prend une tout autre allure. Difficile de véritablement faire le tri, mais l'on en vient à se demander s'il a jamais été question de romance entre Riley et Alex... Et si l'élève (manifestement érotomane) avait simplement harcelé son prof, du début à la fin, s'introduisant chez lui...? Certains indices, en tout cas, pointent vers cette hypothèse: la police a retrouvé des traces de lutte chez les Belrose... s'il n'y avait point eu de "pacte de sang" (ce fameux pacte qui avait semblé si bizarre sur le coup!) mais que Riley avait tenté d'y forcer Alex? Car la demoiselle ne nous a raconté que ce qu'elle voulait bien... ou ce qu'elle imaginait. Et puis, il faut avouer que la disparition d'Alex avec Jacqueline et Rob, c'est tout de même pratique... et n'oublions pas que Riley a toujours aimé pousser les garçons. Pourquoi pas celui-là, et du haut d'une falaise? N'oublions pas non plus qu'elle avoue à plusieurs reprises "se servir de Rob"... et s'il n'était pas question de donner le change, mais de pousser Alex, qu'elle devine (ou sait) vivant, à vouloir se débarrasser de lui pour ne pas avoir à le faire elle-même? Après tout, il menaçait sa place de major de promo...
Il faudrait donc au moins une relecture complète pour essayer de démêler tout ça, et encore, il n'est même pas dit qu'il soit vraiment possible d'éclaircir toutes les zones d'ombre. de comprendre tout ce qu'il s'est vraiment passé. Mais, dans le fond, peu importe. L'essentiel, c'est que le lecteur s'est laissé mystifier, comme l'entourage entier de Riley. Et qu'Amanda K. Morgan a sacrément bien réussi son coup.
Sous ses atours de romance interdite qui tourne mal, A good girl nous place en réalité dans la tête d'une psychopathe, dénis et fabulations inclus.
Jamais les apparences n'auront été aussi trompeuses.
]
A good girl n'est donc pas forcément passionnant à lire en lui-même, notamment dans sa première moitié. En revanche, les choses s'emballent dans la seconde, et une fois que "l'on sait", on ne peut que saluer le tour de force magistral de l'auteure.
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