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Critique de DLN


DLN
14 juillet 2019
Le 14 juillet dernier, quarante ans exactement après avoir gardé, comme pompier, les toits de Paris, je me suis souvenu que La marseillaise est, avec je dois le dire "Maman, papa", une des chansons qui me tire régulièrement des larmes des yeux. Probablement parce que l'attachement à la "mère patrie" puise sa source viscérale dans le lien à la mère, et au père, à l'instar du sentiment de fraternité, comme vient de le mettre en valeur Edgar Morin dans un opuscule consacré au troisième terme de la devise républicaine. le même Edgar Morin qui a tenu, face aux critiques qui lui reprochent son caractère sanguinaire, voire raciste, à défendre ce chant de guerre (de l'armée du Rhin), cette Marseillaise, dans un autre opuscule où il rappelle qu'elle "reste fondamentalement un chant de résistance".

La Marseillaise, c'est d'abord un chant d'espoir. Comme L'Internationale, on n'en chante, et on n'en connait, que le premier couplet, et quelques bribes des suivants. Or La Marseillaise porte en son dernier couplet l'espoir qu'on arrêtera de la chanter, de "chanter ce refrain terrible". Dans un cas comme dans l'autre, la violence, cette grande accoucheuse de l'histoire, est supposée faire advenir une humanité réconciliée avec elle même, une sorte de "temps des cerises", mais un temps des cerise qui s'installerait définitivement. Pour ma part, je ne crois plus - y ai-je d'ailleurs jamais cru -, à la possibilité d'une humanité totalement réconciliée avec elle même, mais cela reste pour moi une sorte d'utopie asymptotique, qui doit nous servir d'horizon inatteignable, mais indispensable. Je crois encore moins que la violence en soit le chemin nécessaire ni même propice. Mais je sais aussi qu'elle est parfois nécessaire, même si elle n'est jamais totalement justifiée. C'est le sens de cette Résistance française qui a opposé la violence au mal fasciste, nazi et collaborationniste.
C'est aussi un chant patriotique et républicain. "Amour sacré de la Patrie" : patriotique d'abord, patriotique surtout. le patriotisme est-il la "seule forme avouable de xénophobie" ou encore la "vertu des brutes", ou bien "l'amour des siens", par opposition au nationalisme, "la haine des autres", ce "patriotisme qui a perdu sa noblesse". Telle la langue d'Ésope, il peut en effet produire le pire ou le meilleur, à la fois forme d'expression de la fraternité humaine, qui peut s'élargir à d'autres, mais peut aussi s'investir de potentialités rivalitaires, qui peuvent conduire au meurtre et à la guerre.
La Marseillaise a aussi contribué à incarner la patrie en République. Elle "lie (...) l'idée de République à l'idée de France". Paradoxalement écrite au départ par un officier monarchiste, mort à Choisy le Roi où une statue lui a été érigée, elle devient très vite un symbole républicain, consacré comme tel en 1879, puis dans les constitutions de la quatrième et le cinquième République : "La langue de la République est le français. L'emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge. L'hymne national est la "Marseillaise". La devise de la République est "Liberté, Égalité, Fraternité". Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple".
Exaltation d'abord de la liberté, "Liberté, Liberté chérie" (couplet 6), contre les tyrans et les despotes qui foulent "aux pieds les droits de l'Homme" (couplet 12), elle "couronne" aussi (on s'en souviens moins) l'Égalité (couplet 9) qui ont vocation à s'étendre au reste de l'Europe et du monde : "le Français n'arme son bras Que pour détruire l'esclavage" (couplet 12).
"La France que l'Europe admire
A reconquis la Liberté
Et chaque citoyen respire
Sous les lois de l'Égalité (bis) ;
Un jour son image chérie
S'étendra sur tout l'univers
Peuples, vous briserez vos fers
Et vous aurez une patrie" (couplet 11)
Même si le mot Fraternité n'apparait pas (il ne sera introduit dans la devise de la République qu'en 1848), la Marseillaise est finalement un appel à la fraternité universelle, quand "les français cesseront de chanter ce refrain terrible".
Lien : http://www.daniel-lenoir.fr/..
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