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Critique de dido600


Un roman d'amour du début à la fin. Pour ne pas changer. Il est vrai que le gros noeud de la problématique du développement de la société arabe (et musulmane) reste encore très lié à la condition féminine d'une part et des rapports homme-femme d'autre part. Bien des écrivains (mais surtout bien des chercheurs) ont tenté de les décrypter avec plus ou moins de bonheur... mais la lutte paraît incroyablement difficile. C'est ce qui rend encore plus passionnantes les oeuvres de l'esprit (dont les romans et les films) qui traitent du thème, celui de la libération sentimentale (on n'ose pas dire plus au risque de se retrouver sur les bancs d'on ne sait quels accusés) de la femme. Ahlem Mostaeghanemi, elle, a osé, déjà depuis bien longtemps, avec ses premières oeuvres poétiques et littéraires, rencontrant un large succès, tout particulièrement auprès des publics arabes... et depuis un bon moment auprès des publics autres, en d'autres langues dont la française.

Cette fois-ci, l'histoire est simple et compliquée à la fois. Elle décrit une histoire de relations amoureuses d'une jeune et belle Algérienne, Hala El Wafi et, attention, c'est très important, «Chaouia» de surcroît (là-bas, dans sa ville natale, «on ne badine pas avec l'honneur» et «l'amour est frappé d'anathème»), enseignante de son état d'une ville de l'intérieur du pays, qui se retrouve, en raison d'un exil forcé (le terrorisme islamiste qui a assassiné son père, un «Sultan démuni»), en situation de chanteuse émigrée (au Moyen-Orient, en Syrie plus exactement, puisque sa mère est Syrienne d'origine)... Pas encore star mais une «créature lumineuse». Au fil du temps, elle se retrouve «courtisée»... et conquise par un riche (et beau) Libanais, Talal, «un homme qui ne pleure pas», qui a du temps, précieux et même prétentieux, se croyant «maître des désirs», «Dieu des banquets» et «Sultan de l'extase» ayant fait ses preuves et sa fortune au Brésil, d'abord dans la restauration (où résident cinq millions de Brésiliens d'origine libanaise). de plus, marié avec une (encore) belle femme qu'il n'a pas l'intention de quitter, et père de deux enfants.

Deux fortes personnalités, mais deux façons de conjuguer l'amour, l'homme en position de «conquérant» , narcissique non-déclaré comme tout macho arabe, se servant de son argent pour éblouir et «dominer» ; la femme, «courageuse et obstinée», en position de recherche, d'abord et avant tout, de «considération», de respect, de soutien et de protection («Le sentiment de protection devant lequel les femmes capitulent» ) Deux univers donc (un monde réel, dur, pourri d'argent, égoïste, face à un monde de rêves) en fait s'attirant mais, en même temps, au fil des rencontres, s'opposant... le même monde... cultivé, ouvert sur le monde moderne, mais existant pour les mêmes valeurs. Un choc des coeurs, (sans «choc des corps», il faut le préciser ; ceci pour dire que le roman est assez «prude» sur la question). La séparation est brutale car la dignité et l'honneur avant tout... Mais la belle en sort «dévastée» intérieurement... Heureusement, il y a, quelque part, un compatriote - fonctionnaire international - rencontré par hasard et admirateur de la chanteuse - au coeur «gros comme ça» qui redonnera de l'espoir...
Avis : C'est vrai, «les femmes ne meurent plus d'amour» mais elles se consument, parfois sans le vouloir et sans le savoir et c'est là le drame. Car, «sur l'échelle des priorités, l'amour venait en premier dans la vie d'une femme. Alors que dans le vie d'un homme, il se tenait au deuxième rang» (p 142). Donc, pour les femmes, un livre à lire absolument. A faire lire aux hommes, amoureux ou non. Peut-être connaîtront-ils bien plus leurs femmes et se comporteront-ils bien mieux ? Dans le monde arabe et musulman, pas si sûr ! Mais, «quand on aime, on ne compte pas».
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