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Critique de motspourmots


Julie Moulin nous avait livré Jupe et pantalon, un premier roman très remarqué, en pièces détachées, donnant voix aux différentes parties du corps d'une jeune femme menacée de burn-out ; le deuxième est en forme de poupées russes dans lesquelles s'imbriquent les histoires de deux femmes à vingt ans de distance. Il y a donc chez elle un certain goût du puzzle qui préside à la construction de ses livres. Mais c'est le seul point qui les relie. Les univers, les atmosphères n'ont rien en commun. Ceux qui reprochent à certains écrivains d'écrire toujours la même histoire en seront pour leurs frais. Il y a pourtant quelque chose entre eux, ce voile de fantaisie qui imprègne les pages, mais une fantaisie dramatique, quelque peu désespérée. L'auteure est passionnée de culture et de littérature russes et ce deuxième roman est en plus traversé d'une brise slave aux accents mélancoliques.

Deux femmes, deux histoires, un secret. Et la Russie. Même si sa mère est morte il y a plus de dix ans, Clarisse, étudiante à Sciences Po n'a pas résolu toutes les questions sur son passé et peine à écrire son futur. de cette mère disparue trop jeune lui reste un amour de la culture russe, quelques objets emblématiques et des photos sur lesquelles elle semble si heureuse, souriante. Des photos prises en Russie, avant la naissance de Clarisse.

"Il en est de nos vies personnelles comme de la mémoire collective : nous avons besoin pour grandir du passé et de ses traces" ; c'est donc sur les traces de sa mère, en Russie que Clarisse va entreprendre son voyage, plus de vingt ans après celui d'Anne. Et le lecteur, lui est invité à suivre en parallèle les parcours des deux jeunes femmes, dans un pays marqué par de nombreux changements. En 1993, les voyages dans la Russie post URSS étaient encore difficiles à organiser et l'apprentissage d'Anne n'a rien à voir avec celui de Clarisse en 2015, dans une société rattrapée par les lois du capitalisme et de la consommation. Pour la jeune fille, la quête est double : retrouver l'histoire de sa mère mais également l'âme de la Russie d'alors, celle emportée et transmise par Anne à sa fille durant son enfance, sous l'égide du domovoï, gardien du foyer.

L'alternance des voix contribue à perdre quelque peu le lecteur dans ces atmosphères où se percutent fantasmes et réalités parfois crues. L'expérience a un charme certain, qui remue comme les pleurs du violon soudain remixés en version électro. Et fait écho à tous ces héritages que chacun porte en soi, parfois lointains ou inconnus et pourtant si incroyablement présents. J'ai pris un plaisir mélancolique à suivre le dévoilement des poupées, jusqu'au coeur du secret. Si j'avais aimé l'alcool fort, j'aurais bien accompagné ma lecture d'un verre de vodka.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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