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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Lu dans le cadre du Challenge Nobel

Il ne manque pas d'air, ce sacré « Gabo ». Il nous annonce d'emblée l'identité de la victime et celle des assassins. Avouez qu'on aurait là un bien mauvais polar. Mais évidemment, ceci n'est pas qu'une histoire policière.
Ainsi donc, dès le début le narrateur nous explique comment ça va finir : le malheureux Santiago Nasar va périr sous les coups de couteau des jumeaux Pablo et Pedro Vicario, obligés de laver ainsi l'honneur bafoué de leur soeur Angela. Coupables et victimes sont connus, le mobile un peu moins, mais il ne tardera pas à être expliqué. Où est donc l'intérêt de ce livre ? Bizarrement, le suspense (parce que, oui, il y a malgré tout du suspense) se trouve là où on ne l'attend pas. En effet, quelques heures avant la tragédie, tout le village (à l'exception de la victime) sait ce qui va se passer. Mais personne ne veut/ne peut l'éviter. Un enchaînement invraisemblable de circonstances, de malentendus et de bonne ou mauvaise volonté a rendu la mort de Santiago inéluctable. Ce sont ces dernières heures que le narrateur retrace, à la façon d'une enquête, en recoupant les témoignages des nombreux protagonistes. Il délivre les pièces du puzzle, dans le désordre, remontant plus loin dans le passé à la recherche des racines du mal. Quelle est la cause première de ce drame ? l'arrivée de l'excentrique Bayardo San Roman, dont le seul objectif semble être d'épouser une fille quelconque du village ? l'étouffoir dans lequel Pura Vicario maintient sa dernière fille Angela, laquelle passe pour gourde dans toute la région ? ou encore l'indigence morale des habitants, enfermés dans leurs préjugés et leurs superstitions ?
Malgré un flot de personnages un peu étourdissant, le récit est captivant, hallucinant tant il est difficile de comprendre pourquoi ce gâchis n'a pu être évité.
Et puis, et c'est là la patte d'un grand, Garcia Marquez ne nous parle pas que de Santiago Nasar : causes, conséquences, effets, coïncidences, fatalité, responsabilité, vie, amour, mort, deuil, honneur, fierté, vérité et mensonges, petits et grands, tous ces enchaînements chaotiques, c'est la vie, c'est universel.
Et parfois ça vaut un Prix Nobel.
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