AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lamifranz


Ceux et celles d'entre vous qui ont eu la chance de visiter l'Italie, ont peut-être eu l'occasion de parcourir ce parc fantasque, fantastique et très original, au nord de Rome dans la région de Viterbe. Ce parc, justement appelé « Parc des monstres », en raison des sculptures extravagantes qui le peuplent, a été bâti à la Renaissance, vers 1550, sur l'impulsion d'un « condottiere » local (aventurier mercenaire), Pier Francesco Orsini, (les historiens ne sont pas d'accord sur ses dates de naissance et de mort). Des dizaines de sculptures de toutes tailles, parfois monumentales, qui se signalent toutes par leur bizarrerie, et des inscriptions énigmatiques, parsèment le domaine, où l'on peut voir également nombre de bâtiments et de fontaines qui présentent le même aspect fantastique et quasi fabuleux.
« Bomarzo », le roman de Manuel Mujica Lainez, se présente comme une évocation de la vie de Pier Francesco Orsini, le condottiere à l'origine de ce jardin. A travers lui c'est toute l'histoire de la Renaissance italienne que nous vivons, avec ces deux pôles qui la caractérisent : la violence et la beauté. La violence, parce que nous sommes dans le pays de Machiavel où tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins, aussi bien dans les affaires privées que publiques : Orsini est un aventurier, quoique d'un haut lignage, qui ne lésine pas sur le meurtre, le vol, la captation d'héritage, et j'en passe, pour devenir le maître du domaine, le duc de Bomarzo. Et la beauté parce que nous sommes au coeur de l'Italie de la Renaissance, entre Rome et Florence, à l'âge des plus grands génies. Ajoutez à cela la science et l'attrait pour l'occultisme, et vous aurez le portrait craché d'un grand prince de la Renaissance (comme les Borgia, les Médicis et autres Sforza ou Visconti).
Manuel Mujica Lainez (1910-1984) est un romancier argentin. Il est l'auteur d'une oeuvre éclectique (romancier, poète, essayiste et critique d'art) dont peu de livres sont arrivés jusqu'à nous (« Bomarzo », son principal ouvrage, écrit en 1962, ne fut traduit en français qu'en 1987).
Manuel Mijica Lainez est un écrivain sud-américain. Son style retranscrit la luxuriance qu'on retrouve souvent dans cette littérature, et de fait, elle s'accorde parfaitement avec le sujet du roman : le terme qui convient le mieux pour décrire cet ouvrage pourrait être « foisonnement » (attention, « foisonnement », pas « fouillis »). Multiplicité des intrigues et des personnages, multiplicité aussi des sentiments, souvent contradictoires, parfois même contradictoires ET simultanés (on pense à Lorenzaccio, qui se situe à la même époque). Tout cela ne va pas, forcément, sans des descriptions qui peuvent être lassantes pour ceux et celles que n'intéressent que l'action et l'intrigue. Mais il y a à boire et à manger pour tout le monde. Et chaque lecteur y trouve son compte, même ceux qui, comme Pier Francesco Orsini ont autant soif d'absolu (voire d'immortalité) que de jouissances terrestres.
Un très beau roman, donc, historique (mais pas seulement), qui donne un éclairage particulier sur une époque-phare de l'humanité. Passionnant et agréable à lire.
En parallèle, cherchez sur Internet les images des « Jardins de Bomarzo », ou « Sacro Bosco » ou « Parc des monstres », vous aurez une idée précise de l'esprit à la fois clair et tourmenté de ce héros pas comme les autres.
Commenter  J’apprécie          110



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}