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Critique de MJF


MJF
23 janvier 2019
Ça fait longtemps que je me questionne sur cette femme qui a ébranlé les États-Unis : était-ce une militante bien engagée dans la lutte pour les droits civiques, ou simplement l'auteure d'un geste isolé, repris par le mouvement? Ce roman a inévitablement su m'éclairer en se concentrant sur sa vie antérieure au coup d'éclat. Par sa lecture, on saisit l'ampleur des inégalités avec lesquelles a vécu Rosa Parks et ses motivations à rejoindre la contestation. Omniprésents, les thèmes des inégalités et de la lutte collective pour la promotion sociale constituent une force de la biographie. L'auteure démontre que, bien qu'essentielle, l'action individuelle possède ses limites, et que, face à l'injustice, la force du nombre est incontournable.

Malgré cette réussite, le récit m'a laissé une impression de survol de la vie de l'activiste. Certains moments centraux de son existence sont racontés de façon plutôt expéditive et avec d'importantes ellipses. Si cela peut satisfaire certains lecteurs, j'en ai été pour ma part déçu. Avec une longue vie à raconter en à peu près 170 pages, il est vrai qu'on ne peut tout aborder. Je comprends. Je peux aussi pardonner que, par souci d'authenticité, on s'intéresse moins aux idées et pensées personnelles des personnages. Toutefois, ce qui m'a agacé, c'est que quand le livre s'y penche, c'est fait de façon simpliste. Dans les dialogues, certains Noirs sont parfois soudainement surpris et désemparés par des injustices pourtant quotidiennes. Par exemple, pour la petite Rosa, menacer un garçon blanc avec une pierre parait approprié dans un cas de réplique à la provocation. Réaliste? Peut-être, mais le texte me donnait davantage l'impression de sortir ses personnages de leur contexte social en les rendant ignares, et ce, dans le but premier de servir une leçon d'histoire. de plus, certains détails, que je n'ai pas réussi à confirmer, m'ont paru anachroniques – un ouvrier noir qui possède une automobile en 1917; une femme qui conduit un bus en 1921 – alors que d'autres sont simplement faux – Rosa Parks ne vient pas d'une famille catholique.

S'il est vrai que j'aurais apprécié plus de complexité dans la façon de présenter les gens d'une autre époque, je ne peux néanmoins affirmer que le livre s'y soit complètement planté. En effet, la famille fictive d'Iris présente aux lecteurs des humains à la peau blanche, avant-gardistes, déçus du système, qui font des choix différents et qui en acceptent les conséquences. Certains passages les concernant offrent une plus intéressante nuance; le tout y est moins noir ou blanc. Également, comme l'histoire d'Iris évolue généralement en parallèle à celle de Rosa, elle ajoute une dose d'anticipation au livre.

Avant de conclure, je ne peux passer sous silence le superbe boulot graphique réalisé par l'illustratrice Johan Papin. Les quelques dessins, colorés, fins, forts, appuient superbement le texte et contribuent à emmener le lecteur dans le passé. On y découvre le déguisement du Ku Klux Klan, l'ardeur du travail dans les champs de coton, ou les affiches « White Only ».

Somme toute, ce roman biographique de Rosa Parks offre une courte et générale introduction sur cette militante, qui saura probablement grandement satisfaire les lecteurs et les amateurs d'histoire débutants.

Lisez la critique complète ici : https://lpplt.com/critique.php?id=2089
Lien : https://lpplt.com/critique.p..
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