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Critique de Ladybirdy


La Durance dans son lit bleu gonfle, ballonne son ventre poisseux, elle monte et monte, ne se cache pas, ne ment pas, ne triche pas, elle s'en va inonder rues et coeurs secs. Une mère crie, hurle, pleure dans l'orage du ciel, son enfant est mort.

Rivière intarissable d'un déluge émotionnel.

Juste quelques secondes sans air, sans oxygène, juste quelques secondes de rien. C'est bleu qu'est né Bastien, enfant privé du premier souffle de la vie.
Bleu la couleur des larmes.
Bleu l'eau qui coule et déborde.
Bleu le ciel qui pleure à genoux.
Bleu tel des ecchymoses lacérant le petit corps de Bastien qui ne grandira pas comme les autres.
Bastien c'est une plante, un végétal, un arbre, un if. Un if à la nuque rompue, cime renversée, prise de vertige. If, « si »en anglais. Autant de si que laisse planer Bastien depuis sa venue au monde.

Adieu gueule d'amour, la Durance pleure. Tu t'en vas pleurer des rivières.

Le chagrin saigne.
La peine est vaine.
Quand la vie s'éteint.
La mort étreint.

Mère inconsolable.
Sylvia.

Des mots accouchés d'un calice, perforés dans un ventre laiteux, vestige de la vie, trou béant du vide.

Des mots extirpés de la souffrance, du manque, de l'absence. Sensibles, bouleversants, à fleur de toi Bastien.

Sisyphe pleure avec toi Sylvia. Il te regarde pousser ta pierre inlassablement sans parvenir à la mouvoir car tu n'as plus de raison d'avancer, de marcher. Tu t'assieds, Sisyphe à tes côtés. Deux anges déchus que la vie a laissés sur le bas côté. À la vie à la mort, gravez les noms des colombes sur la pierre tombale, l'absurdité se plie en quatre pour toi Sylvia, mère esseulée.

Tu t'en vas pleurer des rivières gueule d'amour. La Durance se gorge, se nourrit des larmes des parents orphelins, la Durance n'en finit pas de pleurer des rivières. Va gueule d'amour, va rejoindre la lumière.
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