AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de sl972


sl972
15 février 2017
Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les éditions Klincksieck qui m'ont sélectionnée pour recevoir cet ouvrage dans le cadre de l'opération Masse Critique du mois de janvier.

Ce livre, comme son titre l'indique, nous présente la correspondance qu'ont entretenu Frank Lloyd Wright, architecte et théoricien de l'architecture organique, et Lewis Mumford, critique d'architecture et écrivain entre 1926 et 1959. En 1926, Wright traverse une période sombre que vient éclairer un article de Mumford, qui cite le nom de l'architecte à un moment de sa vie où celui-ci est plutôt ignoré du grand public. Malgré une grande différence d'âge – presque trente ans – les deux hommes deviennent amis et vont entretenir une correspondance passionnante jusqu'à la mort de Wright en 1959.
En plus des lettres de Wright et Mumford, vers la fin du livre, nous retrouvons les lettres de leurs épouses respectives, Olgivanna Lloyd Wright et Sophia Wittenberg Mumford, qui révèlent plus de détails sur la vie privée des deux couples. La dernière lettre, écrite après la mort de Wright, résume parfaitement la relation qui unissait les deux hommes.

On note cependant dès le début de cette correspondance que les deux hommes avaient une conception très différente de leur amitié. L'architecte voit Mumford comme un ami fidèle et un admirateur fervent tandis que le critique préfère garder ses distances afin de ne pas perdre son indépendance professionnelle. Même s'ils sont d'accord sur la majorité des points, leurs désaccords, tant sur le plan professionnel que personnel, créent des tensions entre eux qui finissent par éclater au grand jour pendant la Seconde Guerre mondiale et conduiront à un arrêt de leur correspondance pendant dix ans.

Les lettres de Wright sont très exubérantes, remplies de spontanéité, quand celles de Mumford sont plus réfléchies, certainement relues et bien plus modérées dans leur ton. le critique n'hésite pas, de plus, à flatter l'orgueil de l'architecte quand cela peut servir ses intérêts. S'ils s'apprécient sur un plan professionnel et se rencontrent avec plaisir les rares fois où cela a été possible, ils ont aussi chacun bien conscience des défauts de l'autre et, s'ils n'en discutent guère entre eux, ils n'hésitent pas à en informer, chacun de son côté, leurs proches, voire à mettre le débat sur la place publique, comme lorsqu'il s'agit de l'implication américaine dans la Seconde Guerre mondiale.

Les liens qui unissaient Wright et Mumford permettent de traverser le XXème siècle au fil de leur carrière respective. Leur divergence d'opinion sur la Seconde Guerre mondiale illustre parfaitement la division de la population américaine sur ce sujet. Surtout, leurs discussions sur l'architecture nous font revivre le débat qui a passionné le milieu tout au long de ce siècle, en opposant l'architecture moderniste et ses règles rigides à une conception plus humaniste de cet art, qui n'était pas la plus répandue dans l'entre-deux-guerres.
La lecture de ce livre est agréable et enrichissante ; je ne regrette vraiment pas de l'avoir découvert. Point positif, même les profanes en architecture – comme moi – peuvent s'y intéresser. L'introduction, claire et détaillée, regorge d'informations tant sur la vie des deux auteurs que sur le monde de l'architecture et les discussions qui y prenaient place à cette époque. Les notes du traducteur et les nombreuses références en bas de page n'étaient pas non plus de trop pour faciliter la compréhension.
Commenter  J’apprécie          00







{* *}