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Critique de Apoapo


Le mythe du retour d'Ulysse dans le cadre d'une ville kurde (probablement) du nord de l'Irak. le début du récit, centré sur les sentiments du jeune Akhbar face à son véritable double exil qui est, après l'absence, son incapacité à reconnaître les lieux, est plutôt intéressant. J'aimerais en retirer la citation suivante:
"Il savait enfin ce qu'est le sentiment d'exil. Quand on est dans un pays étranger, ce sentiment est toujours associé à une subtile satisfaction, le fait d'être exilé flatte votre orgueil et vous érige en héros de votre propre solitude, ce type d'isolement vous confère, malgré tout, une force étrange qui vous aide à tenir bon et à vous dépasser... Mais il ne retrouvait pas l'endroit qu'il avait quitté. Sa connaissance des lieux ne compensait pas le dépaysement causé par le temps. Il se sentit soudain, comme jamais auparavant, étranger à ce monde." (p. 32)
Cependant le déroulement du récit, en s'éloignant du personnage au profit de sa description subjective des lieux, ouvre une multitude de pistes de lecture, brouille ces pistes, sans aucun aboutissement: il est donc question successivement des effets de la guerre sur les habitants (seulement esquissé); d'une intéressante rencontre avec un vieux libraire, qui confronte le héros à sa peur des mots et de l'écrit (piste reprise vers la fin, ce qui rend encore plus regrettable de l'avoir lancée sans développement); d'une révolution islamiste (qui m'a même fait supposer un certain temps que le lieu fût l'Iran et non l'Irak); d'un effacement de la population féminine sous le tchador, puis sous la burqa (ce qui pourrait encore faire changer de cap géographique! mais qui n'est absolument pas développé à sa juste valeur: il s'agit quand même du titre!); d'une esquisse de nostalgie amoureuse; d'une critique contre le pouvoir policier invisible et arbitraire (qui ne touche cependant pas le héros); d'une trop peu (développée pour être) vraisemblable pulsion du héros vers l'idée de revêtir lui-même la burqa (pour sa recherche des femmes auxquelles il tient? pour voir le monde comme elles le voient? pour disparaître de la vue des gens? pour tra-vestir son identité sexuelle? rien n'est moins clair...). Enfin le final est multiple et complètement surabondant: en voulant faire trop "intello" il finit par sembler bâclé...
Mon impression est que l'auteur a eu du mal à maîtriser un ensemble trop vaste de sujets très divers qu'il avait à coeur de traiter sans les démêler (guerre en Irak, montée de l'islamisme, effacement des femmes dans ces contextes, sentiment d'exil et d'aliénation lors du rapatriement).
Pour les lecteurs qui ne connaissent pas cet auteur contemporain de la littérature turque plutôt à la mode dans son pays, au-delà des deux phrases de la 4ème de couverture, il s'agit d'un Kurde de gauche très engagé politiquement notamment pour les droits de cette minorité, contre la montée de l'islamisme, et surtout contre l'homophobie.
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