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Critique de sandrine57


Fill'e anima...Tel est le lien de parenté qui unit Maria Listru à Bonaria Urrai. En Sardaigne, la fill'e anima est une fille née des entrailles d'une première mère trop pauvre pour subvenir à ses besoins et de l'âme d'une seconde qui n'a pas eu la chance d'enfanter. La tzia Bonaria, veuve de guerre avant même d'avoir été mariée, issue d'une riche famille du village, est déjà une vieille dame quand elle accueille Maria, la dernière-née des Listru, une gamine de 6 ans dont le père est mort depuis longtemps. C'est sans regret que la fillette quitte sa famille pour une nouvelle vie qui lui apporte l'aisance matérielle, l'éducation et la complicité avec la tzia.
Pourtant, la vieille dame lui cache des choses, notamment ses sorties nocturnes qui restent taboues malgré les questions de la petite.
Plus tard, Maria saura, par Andri son meilleur ami que Bonaria Urrai est l'Accabadora du village, celle qui aide les âmes à quitter ce monde.

Avec Accabadora, Michela Murgia nous plonge dans la Sardaigne des vieilles légendes, des rites ancestraux, des villages reculés.
La très belle tradition des fillus de anima est ici racontée dans toute sa simplicité, simple échange de bons procédé entre deux femmes pour le bien d'une enfant qui a tout à y gagner. Contestée à demi-mots par l'institutrice du village, une ''étrangère'' du continent, cette coutume permet à la petite Maria, de trouver un nouveau foyer, sans pour autant être coupée de sa famille d'origine. Les liens qui se tissent entre elle et sa seconde mère n'ont que faire de la généalogie ou du sang, un rapport de confiance et de bonne entente, un amour trop pudique pour être dit avec des mots. le point de discorde viendra d'une autre tradition ancestrale, celle de l'Accabadora, une ombre noire qui se glisse nuitamment dans les maisons du village pour recueillir le dernier souffle des mourants. Crainte et respectée, l'accabadora est la ''dernière mère'', celle qui aide à mourir. Maria, jeune et fougueuse, ne peut accepter cette pratique qui lui fait horreur et fuit le village et la tzia sans se retourner. Pourtant, sans le savoir, elle a été initiée au don de la mort et, le moment venu, pourrait bien recourir à ce qu'elle a rejeté...
Un très beau roman qui parle d'adoption et de transmission avec poésie et retenue. Michela Murgia partage un peu de sa belle Sardaigne, secrète et méconnue avec un lecteur emporté par la chaleur et les mystères sardes. Fort et sensible.
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