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Critique de fabienne2909


Sortir de sa zone de confort… Cette expression n'a jamais autant pris son sens qu'avec la lecture de « La mécanique du néant », de Delphine Muse.

Sortir de son confort de lectures habituelles déjà : cela fait quelques temps que j'ai envie de m'ouvrir à d'autres types de littérature que les romans et les polars, aussi cela été l'occasion avec la dernière masse critique Mauvais genres, et ce descriptif de ce roman qui m'a fait penser à « Shining ». Je n'avais juste pas vu que le sous-titre de « La mécanique du néant » est : « roman d'épouvante ». Gloups. OK. Allez c'est parti !

C'est donc d'une main quelque peu tremblante que j'ai ouvert ce roman, qui raconte l'histoire d'un homme, Arthur Comte, qui, à la suite de déboires financiers, hérite de la maison de campagne familiale de Datura, à la suite de la mort de sa mère et n'a pas d'autre choix que d'y installer sa femme et ses trois enfants. En effet, il n'a jamais aimé cette maison qui lui fichait la frousse quand il était enfant, et encore moins depuis que sa mère y est décédée (ce qui peut se comprendre). D'une nature plutôt anxieuse, surtout depuis la brouille avec sa famille survenue il y a quelques années et qui semble l'avoir traumatisé, ses angoisses ne vont pas tarder à s'aggraver… avec des visions mortifères et une phrase qu'il entend constamment en tête : « On va tous mourir ».

Dès le début du roman, l'ambiance est sombre, on sent qu'on ne va pas rigoler. Notre héros n'a pas l'air d'être un boute-en-train, englué qu'il est dans sa vie familiale (trois enfants en bas âge à s'occuper sans aucun relais, et une vie professionnelle en berne) et dans une déprime latente qu'il refoule. C'est ce qui me paraît justifier que l'intrigue prenne autant son temps à démarrer… En effet, il faudra attendre la moitié du roman (qui fait plus de 500 pages tout de même) pour que celle-ci démarre vraiment. En effet, on m'avait vendu un roman d'épouvante, alors c'est que je m'attendais presque à frissonner à chaque page ! En revanche, on sent une tension monter, qui m'a sacrément réveillée (hé oui, j'avais retrouvé ma zone de confort, Delphine Muse a su m'en sortir de manière un peu vicieuse… bravo à elle) quand les événements se précipitent. Et là, on n'a plus le temps de respirer, l'angoisse est à son plus haut point, on vit les évènements, on a peur pour les personnages, on souffre avec eux, et évidemment, je n'ai pas pu lâcher le roman (ce qui a dû être la même chose pour le correcteur parce que, petit point négatif, les coquilles se sont enchaînées dans cette deuxième partie) !

Cette deuxième partie de l'ouvrage est ainsi largement venue couvrir des petits défauts qui me paraissaient plus saillants précédemment : certains personnages de la famille Comte pas forcément très substantiels (mais je peux concevoir que c'est parce qu'on les voie à travers les yeux d'Arthur), ce qui fait qu'on ne s'y attache pas, et surtout une écriture qui manque un peu d'épaisseur romanesque. J'ai été un peu agacée par les notes qui viennent expliquer des notions, produits ou expressions me paraissant suffisamment connus par le grand public pour ne pas avoir à les expliquer en note et perturber la lecture.

J'ai aimé aussi les quelques interrogations de fond qui me sont venues à la lecture : peut-on pardonner à des parents et une famille qu'on a jugé défaillants ? Comment faire son deuil ? Les peurs et les traumatismes les plus enfouis en soi peuvent-elles se surmonter ?

J'ai été impressionnée par le talent de Delphine Muse à construire et structurer son histoire, à multiplier les fausses pistes (elle m'a baladée plusieurs fois sur certains points), à instiller une angoisse chez ses lecteurs. Merci donc à Delphine Muse, aux éditions des Lacs et à Babélio !
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